58% des Français se disent favorables à une participation aux frappes aériennes contre l’EI en Syrie

La semaine passée, quatre parlementaires français – Jacques Myard,  Jean-Pierre Vial (UMP), François Zocchetto (UDI) et Gérard Bapt (PS) – ont fait le déplacement à Damas pour y rencontrer le président syrien, Bachar el-Assad. Pour eux, ce dernier fait partie de la solution dans la lutte contre l’État islamique (EI ou Daesh), qui a établi un califat à cheval sur la Syrie et l’Irak. Ils ne sont pas les seuls à le penser : le médiateur de l’ONU, Staffan de Mistura, l’a d’ailleurs affirmé en février.

Seulement, cette initiative n’avait pas été approuvée par les autorités françaises, pour qui il n’est pas question de traiter avec Bachar el-Assad, encore qualifié de « boucher » par le Premier ministre, Manuel Valls. Selon lui, les 4 parlementaires ont même commis une « faute morale » en se livrant à cette diplomatie parallèle.

« Cette initiative, je la condamne. Il s’agit d’une rencontre entre des parlementaires français, qui n’ont été mandatés que par eux-mêmes, et une dictature qui a bombardé son propre peuple. Et qui a utilisé l’arme chimique pour détruire des vies humaines. […] Il y a d’autres façons d’aider la Syrie », a, de son côté, réagi le président Hollande.

Toute de la difficulté est donc de combattre l’EI sans pour autant soutenir les forces de Bachar el-Assad. Autrement dit, la marge de manoeuvre est très étroite, et cela d’autant plus que les rebelles modérés, soutenus par les pays occidentaux, subissent des revers quand ils ne rejoignent pas, avec armes et bagages, les rangs de brigades islamistes, comme l’a récemment fait le groupe Hazem (ou Hazm) après avoir été défait par le Front al-Nosra (proche d’al-Qaïda) dans la région d’Alep.

Quoi qu’il en soit, selon un étude de l’IFOP [.pdf] réalisée pour le Journal du Dimanche, l’initiative des 4 parlementaires (qui ressemble à celle prise par le député UMP Didier Julia avant l’opération Iraqi Freedom, en mars 2003) est loin d’être approuvée par l’opinion publique française. Seulement 39% des personnes interrogées sont d’accord avec cette démarche (dont 9% le sont « tout à fait »).

Si 61% des sondés désapprouvent la visite rendue par ces parlementaires à Bachar el-Assad, 56% estiment qu’il ne faut pas renouer le dialogue avec le régime syrien car il « car il est responsable de la guerre civile que connaît la Syrie. »

Si l’on regarde les sympathies politiques, 70% des personnes proches de l’UDI et 58% des électeurs de l’UMP se disent favorables à une reprise du dialogue avec Damas. Fait surprenant quand l’on connaît les prises de position du Front national, 71% des sondés proche de ce parti défendent l’idée contraire, laquelle est aussi largement majoritaire à gauche.

Mais les Français sont mêmes prêts à aller encore plus loin dans le combat engagé contre l’EI. Ainsi, 58% d’entre eux sont d’accord pour que la France participe aux frappes aériennes contre les jihadistes en Syrie, au sein de la coalition internationale emmenée par les États-Unis.

C’est notamment vrai chez les sympathisants de l’UDI (77%), du Modem (72%), du PS (70%) et de l’UMP (60%). Les personnes interrogées qui n’affichent aucune préférence politique sont les plus hostiles à étendre les frappes françaises à la Syrie (54% y sont en effet opposés).

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