La Belgique et les Pays-Bas se sont mis d’accord pour la surveillance conjointe de l’espace aérien du Benelux

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L’on peut se demander si les décideurs sont toujours bien informés. Chef d’état-major des forces néerlandaises, le général Tom Middendorp a ainsi tenu des propos surprenant, lors d’une audition devant la commission de la Défense de la Chambre des représentants belge.

Selon le compte-rendu qui en a été fait par la Libre Belgique, cet officier a justifié le choix de l’avion F-35 pour remplacer les F-16 néerlandais en usant d’arguments peu convaincants.

« Vous cherchez le meilleur rendement possible pour chaque euro. Chez nous, il y avait de l’intérêt à des capacités qui peuvent être utilisées pour de nombreuses tâches », a dit le général Middendorp. Et, selon lui, le F-35 est conforme à ces exigences alors que « beaucoup d’appareils européens sont plus specialisés pour une ou deux tâches ».

Savoureux quand l’on sait que la qualité principale dur Rafale est d’être un avion multi-rôles, capable de faire de la police du ciel, de la reconnaissance, de l’appui au sol et de la dissuasion nucléaire et que « le F-35 n’est pas construit comme une plate-forme de supériorité aérienne et qu’il a donc besoin du F-22 », comme l’admettait en février 2014 le général américain Mike Hostage, le chef de l’Air Combat Command (ACC).

Cela dit, les propos du général Middendorp ne sont pas surprenants. En 2008, le quotidien NRC Handelsblad révéla en effet que, en 2002, les autorités néerlandaises avaient favorisé le F-35 – qui était encore une avion de papier – en ne tenant pas compte des évolutions prévues de ses concurrents.

Et c’est ainsi que La Haye a commandé, en 2013, 37 exemplaires du F-35 pour 4,5 milliards de dollars. Et cela en raison de la hausse du coût de l’appareil qui, développé par Lockheed-Martin, a multiplié les retards et les problèmes techniques au cours de ces dernières années. Seulement, seulement 32 avions seront basés aux Pays-Bas, les 5 autres devant rester aux États-Unis pour y assurer l’entraînement des pilotes néerlandais.

En clair, ce niveau est insuffisant pour honorer l’ensemble des missions confiées à la Koninklijke Luchtmacht (la force aérienne royale, ndlr), notamment pour ce qui concerne la police du ciel. D’où la signature, en octobre 2013, d’une lettre d’intention avec la Belgique pour assurer conjointement la surveillance de l’espace aérien du Benelux en se partageant les tâches de décollage d’alerte (Quick Reaction Alert, QRA) et d’idenfication des avions suspects (Renegade).

Une telle collaboration suppose de se mettre d’accord sur de nombreuses questions juridiques, comme celles portant sur les règles d’engagement. Par exemple, s’il s’avère nécessaire d’abattre un avion civil, qui prendra la décision?

Quoi qu’il en soit, tous ces détails ont visiblement été réglés car un accord devrait être signé le 4 mars prochain à La Haye, lors d’une réunion conjointe des gouvernements belge et néerlandais. Cette coopération aérienne commencerait ainsi en 2016, le temps que le traité soit ratifié par les Parlements des deux pays.

Cela étant, les coupes budgétaires dont est victime la Défense belge inquiétent les responsables néerlandais, pour qui la coopération militaire avec la Belgique risque de devenir « difficile ».

« Si nous n’avons pas le même matériel, cela réduit les possibilités, et donc le rendement de la coopération », a affirmé le général Middendorp, alors que la Belgique vient de lancer une procédure pour remplacer ses F-16 vieillissants… Cela étant, Bruxelles a assuré que cette collaboration n’influerait pas sur le choix du futur avion de la composante aérienne de sa défense.

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