Le Royaume-Uni va envoyer 75 conseillers militaires en Ukraine

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Aux dernières nouvelles, le cessez-le-feu semble tenir dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass) entre les forces gouvernementales et les séparatistes. Du moins depuis la prise par ces derniers de Debaltseve. Mais pour combien de temps?

Lors d’une audition devant une commission parlementaire, le 25 février, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a accusé les autorités russes de menteir et de chercher à déstabiliser l’Ukraine. « À Lougansk, à Donetsk et maintenant à Debaltseve (dans le Donbass, ndlr), il a rendu possible, encouragé et directement facilité des saisies de territoires pour tenter de déstabiliser l’Ukraine », a-t-il affirmé en parlant du président russe, Vladimir Poutine.

« Le respect des frontières internationales et le fait de ne pas s’emparer d’un territoire par la force et la ruse sont la norme que défendent les nations et qui a été établie depuis longtemps par l’ONU. Et le président Poutine a clairement fait une série de choix qui ont violé tout cela », a encore ajouté M. Kerry.

Ces accusations font écho à un document évoqué par le journal russe d’opposition Novaïa Gazeta. Ce quotidien a payé très cher pour son indépendance et sa liberté de ton puisque 8 de ses journalistes ont été assassinés au cours de ces dernières années, dont Anna Politkovskaïa…

Ainsi, d’après Novaïa Gazeta, la déstabilisation de l’Ukraine a été préméditée par le Kremlin dans le courant de la première semaine de février 2014. Le document en question décrit un plan en 7 points qui a été suivi à la lettre.

Visiblement, Moscou a anticipé la chute du président ukrainien pro-russe Ianoukovitch (« un homme de peu de volonté et de qualités morales faibles ») pour mieux pousser ses pions dans une partie jouée face à l’Union européenne. Et cela afin de protéger ses intérêts économiques. Aussi, la désintégration de l’Ukraine, avec la possibilité de mettre la main sur la Crimée et sur les régions industrielles,  y est vue comme une opportunité : le contrôle du complexe militaro-industriel ukrainien permettra d’accélérer le réarmement de la Russie et la Russie pourra « compter sur une nouvelle migration slave d’ouest en est ».

En outre, poursuit le document, « pour lancer le processus de la ‘dérive prorusse’ de la Crimée et des territoires d’Ukraine de l’Est, il faut d’avance créer des événements qui peuvent donner à ce processus une légitimité politique et une justification morale ». Et cele en appliquant une « stratégie de communication qui mettrait l’accent sur le caractère forcé et réactif des actions de la Russie ». L’objectif était alors de créer les conditions pour la tenue de référendums d’autodétermination en Crimée et dans la région de Kharkiv. Or, l’on a vu que le mouvement séparatiste a pris corps à Donetsk et Louhansk…

Cela étant, les révélations de Novaïa Gazeta ont été balayées d’un revers de main par Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. « Il s’agit des absurdités habituelles de ce journal », a-t-il réagi.

Quoi qu’il en soit, malgré ses dénégations, la Russie a une nouvelle fois été accusée par l’Otan d’apporter un soutien militaire aux séparatistes du Donbass, où elle aurait envoyée, selon le général américain Philip Breedlove, le Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe, « plus d’un millier de véhicules de combat, des forces de combat, certaines des défenses antiaériennes les plus sophistiquées, des bataillons d’artillerie ».

À Londres, le Premier ministre, David Cameron, critiqué pour sa passivité dans le dossier ukrainien, est allé dans le sens du général Breedlove. « Nous voyons des chars russes, des missiles Grad russes (…); ce ne sont pas des choses que l’on achète sur Ebay », a-t-il dit, le 24 février.

Aussi, il a annoncé l’envoi prochain de 75 militaires britanniques en Ukraine afin de « fournir des conseils et former [l’armée ukrainienne] dans le domaine du renseignement, de la logistique, des soins médicaux ». Et d’ajouter : « Nous allons aussi mettre en place un programme d’entraînement de l’infanterie pour améliorer la résistance des forces ukrainiennes ». Cette mission devait durer environ 6 mois.

En tout cas, ce que propose Londres est dans le droit fil de ce qui avait décidé lors du dernier sommet de l’Otan, qui s’était tenu à Newport, au Pays-de-Galle, en septembre 2014. Il avait en effet été décisé un « paquet global et adapté de mesures » pour aider Kiev dans 4 domaines : réadaptation des soldats blessés, la cyberdéfense, la logistique, et le commandement, le contrôle et les communications.

Si l’envoi de ces instructeurs est un « signal fort », comme l’a souligne le quotidien The Guardian, le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon a tenu à préciser qu’il seront déployés à bonne distance de la ligne de front, dans l’ouest de l’Ukraine, afin d’éviter tout contact éventuel avec des soldats russes.

Outre le Royaume-Uni, les États-Unis ont également annoncé l’envoi prochain d’instructeurs militaires en Ukraine. Leur mission sera de former 4 compagnies de la garde nationale ukranienne à Yavoriv près de la frontière polonaise.

Photo : Exercice Rapid Trident, e (c) British Army

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