Un rapport parlementaire propose de changer le statut des écoles d’officiers

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En raison de la réduction des effectifs militaires et de la politique de « dépyramidage » au sein des forces armées, les écoles d’officiers voient le nombre de leurs élèves diminuer. Du coup, les places sont « chères » pour les intégrer : l’École navale compte ainsi 20 candidats pour une place.

Seulement, des questions au sujet de leur avenir se posent. Certains ont même proposé de créer une école d’officiers commune aux trois armées (Terre, Air, Marine) avec une spécialisation en dernière année d’étude, à l’image de ce qu’a fait le Service du commissariat des armées (SCA) afin de rationaliser les coûts… Seulement, on ne peut pas faire n’importe quoi au motif qu’il faut faire des économies.

« Les jeunes qui s’engagent le font car ils ont une envie de terre, d’air, de mer, de gendarmerie. Ils ne s’engagent pas dans l’absolu, sans rattachement particulier. Il est important que l’on garde, à tous les niveaux de formation, cette notion d’identité d’armée et que l’on ne massifie pas excessivement les formations », a fait valoir le député Gilbert Le Bris, lors de l’examen en commission d’un rapport [.pdf] concernant la formation des militaires.

En tout cas, ce document, rédigé par Francis Hillmeyer et Jean-Michel Villaumé, ne va pas dans ce sens. Selon, il faudrait au contraire « ouvrir » davantage ces écoles d’officiers, dont les élèves sont principalement recrutés lors d’un concours préparé lors de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE).

Sur ce point, le rapport recommande de diversifier les filières de recrutement, en les ouvrant davantage par rapport à ce qu’il se fait actuellement à des candidats ayant déjà accompli un parcours universitaire. La scolarité de ces derniers est donc plus courte et donc moins coûteuse. Cependant, le nombre de recrues potentielles concernées ne serait pas suffisant pour assurer un taux de sélection suffisant.

Pour autant, les rapporteurs estiment « que la diversité des profils des recrutés constitue un atout pour des forces armées qui agissent, sur le territoire national ou en opérations extérieures, sur des théâtres très différents, au contact des populations » dans la mesure où ces élèves ayant accompli un cursus universitaire apportent aux « futurs officiers une diversité bienvenue, quand la grande majorité des élèves-officiers ont suivi leur classe préparatoire dans un lycée militaire ».

Une autre mesure préconisée par le rapport est de généraliser la réforme entreprise par l’École de l’Air, laquelle à décloisonner les formations afin de former une école unique qui comprendrait donc les élèves officiers recrutés par concours « direct » et ceux de l’École militaire de l’Air, issus généralement du corps des sous-officiers

« Pour ce faire, le projet prévoit la mise en place de trois cours distincts comprenant différentes filières : les cours seraient déclinés en un cours de formation de l’officier de l’école de l’air, un cours de licence de l’école de l’air et un cours de master de l’école de l’air. En fonction de leurs résultats, les élèves à fort potentiel pourront prétendre à une formation supérieure. Réciproquement, les plus faibles pourraient être réorientés si nécessaires », explique le document

Mais la mesure phare proposée par les deux rapporteurs consiste à changer le statut des grandes écoles militaires pour en faire des Établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) étant donnée qu’elles abritent des laboratoires de recherche, comme le Centre de recherche de l’armée de l’air (CReA),  l’Institut de recherche de l’école navale (IRENav) ou encore le CREC (Centre de recherche des Écoles de Coëtquidan).

L’article L711-1 du Code de l’Éducation précise que ces EPSCP  jouissent de « la personnalité morale et de l’autonomie pédagogique et scientifique, administrative et financière », qu’ils sont gérés « de façon démocratique avec le concours de l’ensemble des personnels, des étudiants et de personnalités extérieures » et qu’ils sont « sont pluridisciplinaires (…) afin d’assurer le progrès de la connaissance et une formation scientifique, culturelle et professionnelle préparant notamment à l’exercice d’une profession. »

Pour les rapporteurs, ce statut « permet de répondre de plein droit aux appels d’offres et de nouer plus rapidement des partenariats avec d’autres écoles, universités ou laboratoires de recherche » et il est aussi « plus attractif pour le personnel enseignant, en leur offrant des perspectives de progression statutaire ».

En outre, ajoutent-ils, « sur le plan financier, l’absence d’autonomie rend actuellement problématique pour les écoles militaires le développement d’activités permettant de valoriser l’utilisation des infrastructures par des usagers extérieurs ou de compléter les allocations budgétaires par des ressources propres ».

Enfin, une autre proposition avancée par le rapport est d' »augmenter la proportion d’élèves-officiers effectuant un semestre de scolarité dans un autre établissement d’enseignement supérieur et accueillir, dans le même temps, une plus grande proportion d’étudiants issus de ces établissements. »

Pour les auteurs, cette politique « d’externalisation des semestres est à encourager car elle favorise une meilleure connaissance mutuelle entre établissements civils et militaires » tout en permettant aux « écoles militaires de jauger le niveau d’excellence de leurs élèves au sein d’autres établissements d’enseignement supérieur » afin de « conforter, grâce aux (bons) résultats obtenus, leur statut de grande école ». Cependant, si par exemple, on s’est donné les moyens de réussir le concours de l’ESM Saint-Cyr, on voit mal l’intérêt d’aller suivre six mois de cours sur les bancs de Science Po Paris… Qui plus est, les rapporteurs ont admis une limite à cette approche étant donné qu’elle « se heurte à la nécessité d’optimiser, sur une période de trois ans, la formation des élèves-officiers ».

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