L’Allemagne va publier un nouveau Livre blanc sur sa défense

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Si vous avez lu « L’affaire Tournesol », vous vous rappelez sans doute des armes en toc utilisées par l’armée « bordure » afin de capturer Tintin et le capitaine Haddock. Mais souvent, la réalité dépasse la fiction et un bataillon allemand a fait mieux que ça encore, non pas en raison de la mauvaise qualité du matériel mais à cause du manque de moyens.

Ainsi, dans un reportage diffusé la semaine passée dans le cadre de l’émission « Tagesschau », diffusée par la chaîne publique allemande ARD, l’on apprend que les soldats du Panzergrenadierbataillon 371, une unité de la Bundeswehr appelée à faire partie de force de réaction très rapide (Spearhead) de l’Otan, ont peint des manches à balai en noir afin de le faire passer pour les canons des mitrailleuses montées sur leurs véhicules blindés Boxer pendant l’exercice Noble Ledger, organisé en Norvège il y a quelques mois.

Cette anecdote figure dans un rapport interne confidentiel dont le contenu a été révélé par l’ARD. La situation qu’il décrit est pour le moins catastrophique : 41% des soldats du Panzergrenadierbataillon 371 ne sont pas équipés du pistolet H&K P8 et il n’y aurait que 30% de mitrailleuses MG3 et 70% de lunettes de vision nocturne par rapport aux dotations prévues.

Bien que pourvue d’un budget sensiblement équivalent à celui alloués aux forces françaises sans être autant engagés à l’extérieur de ses frontières et sans avoir à financer la dissuasion nucléaire, la Bundeswehr est dans un état préoccupant. Et la mésaventure du Panzergrenadierbataillon 371 est le symptôme d’un mal plus vaste. Le taux de disponibilité des avions de combat Eurofighter Typhoon s’est effondré – en raison d’un manque de pièces détachées -, et celui des hélicoptères ne vaut guère mieux, avec des décisions de suspension de vol (la dernière en date, concernant es NH-90, vient d’être levée). Et l’on se souvient du périple de 7 instructeurs allemands devant rejoindre, en septembre, le Kurdistan irakien avec une cargaison d’armes : il avait fallu quatre Transall C-160 pour le voyage, 3 étant tombés en panne.

Quant aux opérations extérieures, ce n’est pas la joie non plus. En avril 2011, un militaire allemand avait publié un essai au vitriol, appelé « Le livre noir de la Bundeswehr« , dans lequel décrivait des équipements déployés en Afghanistan comme étant catastrophiques.

Mais pour Ursula von der Leyen, le ministre allemand de la Défense, il n’est pas question de livre noir mais de rédiger un nouveau livre blanc devant fixer les grandes orientations stratégiques de l’Allemagne. L’élaboration de ce document de référence a été lancée le 17 février. Le précédent Weißbuch remonte à 2006 et succédait à celui élaboré en 1994.

L’exercice, qui devrait être terminé en 2016, permettra à Berlin d’afficher ses orientation stratégiques, d’affirmer ses ambitions et de faire le point sur l’état de ses forces militaires tout en définissant leur avenir. Et cela « sans tabou, ni scénario rigide », a indiqué Mme von der Leyen.

La nouvelle donne à l’est sera bien évidemment abordée. « Les actions de la Russie en Ukraine changent fondamentalement l’architecture de la sécurité en Europe », a-t-elle affirmé alors que, dans le précédent « Weißbuch », Moscou était considéré comme un « partenaire de premier plan ». Sans tirer les cartes, on peut penser qu’il sera aussi beaucoup question de cyberdéfense et de terrorisme.

Ce sera aussi l’occasion d’aborder la politique allemande en matière d’exportation de matériels militaires. Depuis que le ministère de l’Économie est dirigé par le social-démocrate Sigmar Gabriel, les industriels de l’armement d’outre-Rhin font la grimace : en raison d’une politique beaucoup plus restrictive, le montant des ventes d’équipements à l’étranger est passé de 5,85 à un peu moins de 4 milliards d’euros entre 2013 et 2014.

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