La Lituanie va rétablir le service militaire obligatoire

Rétablir le service militaire obligatoire n’a de sens que s’il existe une menace immédiate aux frontières. Le débat a lieu en France, où plusieurs responsables politiques ont parlé de remettre au goût du jour la conscription, avec l’idée, après les attentats de janvier, qu’il fallait un « véritable creuset » républicain pour que « tout le monde se retrouve sans qu’il y ait de différence » et apprenne le « vivre-ensemble ».

En Lituanie, ces considérations n’ont pas cours. Et c’est vers la Russie que l’on regarde. Après avoir abandonné le service militaire obligatoire en 2008, il y est désormais question de le rétablir.

« Nous devons rétablir temporairement le service militaire obligatoire, a déclaré, ce 24 février, Dalia Grybauskaite, la présidente lituanienne, à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil national de défense. « L’actuel environnement géopolitique requiert un renforcement et une accélération du recrutement pour l’armée », a-t-elle fait valoir.

Cette décision est motivée par les événements en Ukraine, où la Russie est accusée de soutenir militairement les séparatistes de la région du Donbass contre les forces gouvernementales. D’ailleurs, depuis l’annexion de la Crimée, en mars 2014, les pays baltes ont fait plusieurs annonces au sujet de leur politique de défense. Ainsi, la Lituanie a d’ores et déjà prévu de doubler son budget militaire d’ici 2019 afin d’atteindre la norme de 2% du PIB fixée par l’Otan dont elle membre depuis 2004.

Le territoire lituanien est coincé entre l’enclave russe de Kaliningrad – fortement militarisée – et la Biélorussie, où Moscou a l’intention d’installer une base permanente, précisément à Lida, à deux pas de la frontière. En outre, le poids de l’histoire n’est pas à négliger dans cette affaire : Vilnius a été sous domination russe et soviétique par le passé, ce qui laisse quelques traces…

Actuellement, les forces armées lituaniennes comptent seulement 8.000 militaires professionnels et ses moyens sont comptés. Elles ne disposent pas de capacités pour assurer la surveillance de l’espace aérien – comme leurs homologues lettones et estoniennes – et doivent se reposer sur l’Otan, alors que l’aviation russe est très active dans la région.

Si la décision de rétablir le service militaire est confirmée par le Parlement, alors les premiers appelés devraient prendre le chemin de la caserne dès cet automne. Ce qui laisse peu de temps pour s’organiser. Mais le chef d’état-major lituanien, le général Jonas Vytautas Zukas a estimé que le retour de la conscription est nécessaire pour « combler les lacunes dans les unités » et « préparer les réservistes pour l’armée ».

« Pour l’instant, nous ne voyons aucune menace militaire. Mais cela ne signifie pas que la situation ne puisse changer rapidement. Nous observons une évolution rapide de la situation en Ukraine », a encore commenté le général Zukas.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]