Les États-Unis envisagent de retarder leur retrait militaire d’Afghanistan

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Actuellement, 10.000 soldats américains sont déployés en Afghanistan dans le cadre de la mission de l’Otan Resolute Support, destinées à former et à soutenir les forces de sécurités afghanes après le retrait de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), effectif depuis le 31 décembre 2014.

Les plans de Washington prévoient de ramener ces effectifs à 5.000 hommes d’ici la fin de cette année, avec en perspective un retrait total en 2016. Seulement, ce calendrier est remis en cause par plusieurs responsables militaires américains et certains dirigeants afghans.

Pourquoi? Parce que les forces afghanes demeurent fragiles face aux insurgés. Ces dernières tiennent les centres urbains tandis qu’elles sont en difficulté dans les campagnes, où les taliban maintiennent leur influence. En outre, elles ont encore des lacunes, notamment dans le domaine aérien et celui de la logistique. À cela, l’on peut ajouter le manque de coopération avec la police afghane, les interférences politiques dans le choix de leurs opérations où encore le manque de discipline de leurs soldats qui, 9 fois sur 10, confiait en décembre dernier le général américain Joseph Anderson, « ne suivent pas les procédures appropriées ».

D’ailleurs, le bilan parle de lui-même : selon le ministère afghan de l’Intérieur, plus de 1.360 soldats ont été tué entre mai et octobre 2014, soit pendant l’offensive lancée au printemps par le mouvement taleb. Et ces pertes n’incluent pas celles subiés par les forces de police.

Fraîchement confirmé à la tête du Pentagone par le Congrès, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a effectué son premier déplacement à l’étranger en Afghanistan, où il est arrivé le 20 février. Et visiblement, Washington envisage de revoir le calendrier du retrait de ces troupes.

Ainsi, a affirmé M. Carter, le président Obama « envisage un certain nombre de possibilités pour renforcer notre soutien à la stratégie de sécurité du président Ghani, y compris de possibles changements au calendrier de retrait des troupes américaines », c’est à dire que « cela pourrait vouloir dire reconsidérer les dates de fermeture de nos bases ».

En outre, a ajouté le chef du Pentagone, cet étalement de ce retrait pourrait éventuellement passer par une « révision des détails de la mission de contre-terrorisme » menées par les forces américaines contre les membres d’al-Qaïda.

Quant à la possible implantation de l’organisation jihadiste concurrente, à savoir l’État islamique, M. Carter a estimé que le risque était faible, même s’il a admis que certains taliban ont opéré un « changement de marque ». « Les informations que nous avons montrent qu’ils restent peu nombreux », a-t-il dit.

Cependant, les choses pourraient évoluer si l’on en croit les propos récemment tenus par Robert Grenier, un ancien responsable de la CIA qui fut affecté à Kandahar au début des années 2000. « Les talibans ont tendance à voir les choses de manière binaire, et prennent leurs décisions en se demandant : ‘Est-ce que l’islam l’ordonne ou pas?’. Donc, ils ne vont pas tourner le dos à des gens qui sont alliés idéologiquement de l’autre côté de la frontière », a-t-il affirmé à l’occasion de la publication de ses mémoires, « 88 Days to Kandahar » (88 jours jusqu’à Kandahar).

L’ancien responsable du renseignement s’est dit aussi pessimiste sur l’avenir de l’Afghanistan quand les militaires occidentaux auront quitté le pays. « Après des milliards de dollars dépensés et des vies perdues, il ne reste pas grand chose et beaucoup de ce pas grand chose ne survivra pas à notre départ », a-t-il avancé.

Photo : Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, lors de sa visite à Kaboul (c) USFOR Afghanistan

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