M. Le Drian appelle les pays membres de l’UE à faire plus d’efforts pour la sécurité de l’Europe

On le sait, les forces françaises sont extrêmement sollicitées actuellement, avec l’opération intérieure Sentinelle et les interventions au Sahel, en Centrafrique, en Irak, sans oublier sa participation à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

S’agissant des opérations menées en Afrique, il a souvent été dit que les membres de l’Union européenne n’ont pas suffisamment appuyé la France sur le terrain, même si certains ont répondu présents, à l’image de la Belgique, qui a déployé des moyens d’évacution sanitaire lors de l’opération Serval.

Toutefois, l’UE a lancé une mission de formation (EUTM Mali) au profit des forces armées maliennes (FAMa). Mais, quelques mois plus tard, quand il s’est agi de planifier l’opération EUFOR RCA, en Centrafrique, pour épauler la force française Sangaris, les pays membres ont fait la sourde oreille, au point qu’il a fallu compter sur une participation de la Géorgie.

Mais plus que tout, c’est la question du financement de ces interventions qui posent problème. Ainsi, en décembre 2013, le président Hollande avait tenté de convaincre les membres de l’UE de participer à l’opération qu’il venait de lancer en Centrafrique afin qu’elle puisse bénéficier de crédits européens. Peine perdue.

D’où le sentiment que la France assume seule la sécurité de l’UE en allant chasser les terroristes du Mali ou éviter qu’un État ne devienne failli, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences. Mais ce serait oublier que quelques pays membres sont aussi engagés sur d’autres théâtres, comme, jusqu’à encore une date récente, en Afghanistan et maintenant en Irak.

Par ailleurs, lors de son discours prononcé sur la base aérienne 125 d’Istres, le 19 février, le président Hollande a déclaré que « la définition de nos intérêts vitaux ne saurait être limitée à la seule échelle nationale, parce que la France ne conçoit pas sa stratégie de défense de manière isolée, même dans le domaine nucléaire. »

Et d’ajouter : « Nous participons au projet européen, nous avons construit avec nos partenaires une communauté de destin, l’existence d’une dissuasion nucléaire française apporte une contribution forte et essentielle à l’Europe. La France a en plus, avec ses partenaires européens, une solidarité de fait et de cœur. Qui pourrait donc croire qu’une agression, qui mettrait en cause la survie de l’Europe, n’aurait aucune conséquence? »

En clair, et si l’on comprend bien, la dissuasion française profite aussi à l’Union européenne sans qu’elle ait à en supporter les coûts.

Le même jour, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a participé, avec ses homologues de l’UE, à une réunion organisée à Riga (Lettonie) en vue de préparer le  Conseil européen de juin prochain, qui, s’il n’est pas phagocyté par des questions économiques (où en sera la Grèce à ce moment-là?), sera consacré aux affaires militaires.

Dans une courte déclaration, M. Le Drian a tenu à souligner « l’engagement constant de la France aux côtés de ses alliés européens », en rappelant ses efforts « pour contribuer à des initiatives militaires de réassurance au bénéfice de ses alliés les plus exposés, mais aussi pour rechercher une solution politique à la crise » dans le cadre de l’affaire ukrainienne.

Puis, le ministre français a voulu faire passer un « message d’alerte » auprès de ses homologues. « Une alerte sur le risque que nous ne soyons pas au rendez-vous. Nous faisons en effet face à une multiplication sans précédent des défis et des menaces pour la sécurité de nos concitoyens européens. Cette menace n’est pas théorique. Elle est malheureusement très concrète », a-t-il dit.

« Nous sommes 28 États au sein de l’Union européenne, mais combien sommes-nous à prendre réellement part à la résolution des crises dans notre voisinage? », a ensuite demandé M. Le Drian. « Le fardeau de la sécurité européenne n’est pas équitablement réparti. La France continuera à y prendre sa part, mais seulement une part. Nous attendons que nos partenaires soient également au rendez-vous », a-t-il averti.

L’une des options qui permettrait de régler beaucoup de problèmes budgétaires – du moins pour les pays de la zone Euro – serait de sortir les dépenses militaires du calcul des déficits publics, lesquels ne doivent pas dépasser 3% du PIB selon les critères de Maastricht. Récemment, M. Le Drian a affirmé que cette idée « commençait à être entendue au niveau européen »

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