Au moins 90 soldats ukrainiens auraient été faits prisonniers à Debaltseve

Cessez-le-feu ou pas, en évacuant le « chaudron » de Debaltseve face à la pression des séparatistes pro-russes, l’armée ukranienne a donc subi son troisième revers majeur en quelques mois, après sa défaite à Illovaïsk en août dernier et la chute de l’aéroport de Donetsk, en janvier.

Après ce nouvel échec à conserver une position stratégique, les autorités ukrainiennes sont désormais sous le feu des critiques, notamment pour avoir longtemps nié que leurs troupes étaient encerclées par les rebelles à Debaltseve. Sous-estimation de la gravité de la situation? Espoir de briser, malgré tout, cet encerclement? Mauvais renseignements? Mensonges?

Quoi qu’il en soit, cela ne change rien à l’affaire. Et surtout au fait que le cessez-le-feu, âprement négocié à Minsk par les parties concernées, avec la médiation du président Hollande et de la chancelière allemande, Angela Merkel, a été violé par les séparatistes, qui ont ainsi atteint un de leurs objectifs. La prise de Debaltseve leur assure le contrôle d’un noeud ferroviaire et routier qui relie leurs bastions de Donetsk et de Louhansk.

Cependant, les rebelles pro-russes ont estimé que le cessez-le-feu prévu par les accords de Minsk2 ne s’appliquaient pas à Debaltseve. Sans doute, étant donné qu’ils y avaient encerclé les forces ukrainiennes, ont-ils considéré que ce territoire leur appartenait déjà.

C’est d’ailleurs ce que l’on croit comprendre à la lecture du compte-rendu des négociations menées dans la capitale biélorusse. Car même si Debaltseve n’est pas mentionné dans le texte des accords, il en a été beaucoup question entre les présidents Porochenko et Poutine, le premier s’obstinant, comme on l’a vu, à ne pas reconnaître la gravité de la situation pour ses troupes.

Après l’annonce du retrait ukrainien, le président Poutine a eu ce commentaire. « Bien sûr que c’est dur de perdre. Ca l’est encore plus face à d’anciens mineurs et d’anciens conducteurs de tracteurs. Mais c’est la vie, ça passera », a-t-il dit. Chacun appréciera.

En tout cas, après la chute de Debaltseve, au moins 90 soldats ukrainiens auraient été faits prisonniers selon Kiev. Et 82 autres sont portés disparus. « Afin de les retrouver, l’armée a sollicité l’aide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) », a-t-on indiqué de même source. En outre, 13 militaires ont été tués. Ce bilan a été confirmé par le directeur de la morgue d’Artemivsk, une ville située à une trentaine de kilomètres des lieux des combats.

Et maintenant? « Les ruptures du cessez-le-feu constatées ces derniers jours ont été dénoncées. Les conséquences des événements de Debaltseve sur l’application des accords de Minsk ont été examinées », a indiqué un communiqué de l’Élysée, après la tenue d’une conférence téléphonique entre François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko et Vladimir Poutine.

En outre, il a été convenu que « les représentants de l’OSCE doivent rencontrer sur le terrain les parties pour mettre en œuvre rapidement » les mesures de l’accord de Minsk et que les  ministres des Affaires étrangères des 4 pays concernés auront à « les modalités du mécanisme de supervision », prévu par le texte.

Et cela alors que, dans le même temps, des tirs de mortiers ont été signalés dans la région de Marioupol, ville qui, située au bord de la mer d’Azov, est un autre objectif majeur pour les séparatistes.

Plus tôt, les autorités ukraniennes ont diit souhaiter vouloir compléter le dispositif de surveillance du cessez-le-feu avec le déploiement d’une mission de police de l’Union européenne avec un mandat des Nations unies.

« Nous considérons une mission policière de l’Union européenne comme la meilleure option (…) pour garantir la sécurité, dans une situation où le cessez-le-feu n’est respecté ni par la Russie, ni par ceux qui la soutiennent », a ainsi affirmé le président Porochenko, le 18 février.

L’idée serait de reproduire ce qui avait été fait pour la Géorgie, pays qui a été en guerre avec la Russie au sujet de l’Ossétie du Sud, une région séparatiste. Une Mission de surveillance de l’Union européenne (MSUE) avait été déployée en 2008, avec une quarantaine de gendarmes français.

Seulement, pour les séparatistes pro-russes et Moscou, cela n’est pas acceptable. Aussi, il n’y a aucune chance pour que cette requête soit validée étant donné que la Russie peut y mettre son veto en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]