Pour la diplomatie italienne, le temps presse pour trouver une solution politique en Libye

Deux camps s’affrontent en Libye. D’un côté, l’on trouve les islamistes qui soutiennent un gouvernement installé à Tripoli, après que leur bras armé, la milice Fajr Libya, en a chassé les brigades de Zenten, proches des milieux libéraux. De l’autre, il y a un gouvernement officiel délocalisé à Tobrouk, qui, reconnu par la communauté internationale, bénéficie de l’appui des troupes de l’ex-général Khalifa Haftar.

La situation politique libyenne est donc d’une complexité extrême, avec en prime des affrontements meurtriers entre les deux camps, notamment pour s’assurer du contrôle des infrastructures pétrolières du pays. Ce contexte profite aux groupes jihadistes. Ceux proches d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont trouvé refuge dans le sud, d’où ils continuent de mener leurs opérations dans la bande sahélo-saharienne (BSS). Et puis il faut désormais compter avec l’État islamique (EI), qui s’appuie sur des mouvements présents dans l’est, en particulier à Derna.

Dans la vidéo montrant la décapitation de 21 chrétiens égyptiens, l’EI n’a pas fait mystère de ses intentions. « Avant, nous étions en Syrie. Aujourd’hui, nous sommes sur la terre musulmane de la Libye, au sud de Rome », a affirmé le chef des bourreaux. En clair, la menace se rapproche du Vieux Continent…

Pour l’Égypte, encore plus directement menacée, il faudrait que le Conseil de sécurité des Nations unies autorise la mise sur pied d’une coalition internationale pour mener une intervention militaire en Libye et qu’il y ait une levée des « restrictions imposées au gouvernement libyen sur la livraison d’armes et de toute autre ressource nécessaire au rétablissement de la stabilité et la lutte contre le terrorisme ».

Mais plusieurs pays occidentaux ne sont pas encore sur cette ligne. Le 17 février, ils ont rendu publique une déclaration commune dans laquelle ils réaffirment la nécessité d’une « solution politique » en Libye et appellent à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Ce dernier serait d’ailleurs soutenu par les signataires qui sont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie. Cette approche serait, ont-ils fait valoir, « le meilleur espoir pour les Libyens ».

Seulement, le temps presse pour en arriver là. C’est ce qu’a souligné, ce 18 février, Paolo Gentiloni, le ministre italien des Affaires étrangères, depuis Rome, où la participation à une coalition internationale, si nécessaire, a été évoquée ces derniers jours.

« La détérioration de la situation sur place requiert un changement de rythme de la part de la communauté internationale avant qu’il ne soit trop tard », a ainsi affirmé M. Gentiloni. « Nous sommes face à un pays au territoire immense et aux institutions défaillantes et cela a des conséquences potentiellement graves non seulement pour nous mais aussi pour la stabilité et la permanence des processus de transition dans les Etats africains voisins », a-t-il ajouté.

« Il est donc urgent pour Rome de ramener la stabilité en Libye où l’unique solution est politique », a estimé le ministre italien, assurant que son pays ne voulait ni « aventures et encore moins de croisades. »

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