Ukraine : Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les combats se poursuivent à Debaltseve

Les accords dits de Minsk 2 prévoyaient un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes pro-russes dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass) à compter du 15 février puis le retrait des armes lourdes d’une zone tampon de 50 à 70 km de large.

Seulement, pour que les armes se taisent, encore faut-il qu’il y ait un minimum de confiance entre les belligérants. Si la trêve a depuis été globalement respectée sur la ligne de front, à Debaltseve, noeud ferroviaire stratégique, la défiance est toujours de mise entre les soldats ukrainiens et les rebelles. Et cela d’autant plus que les premiers ont été appelés par le président Poutine à deposer les armes – donc à se rendre – juste après la signature des accords Minsk2.

Aussi, les combats continuent dans cette partie du Donbass, chaque camp accusant l’autre de violer le cessez-le-feu. Quant au retrait des armes lourdes, il n’a pas encore commencé.

« Nous n’avons pas le droit (d’arrêter les combats à Debaltseve). C’est une question morale », a affirmé Denis Pouchiline, un responsable des séparatistes. « Nous devons répondre à des tirs, travailler à détruire les positions combattantes ennemies », a-t-il poursuivi. « Nous sommes prêts à tout moment (à entamer un retrait des armes lourdes), nous sommes prêts pour un retrait mutuel. Nous ne ferons rien unilatéralement, nos soldats seraient pris pour cibles », a-t-il fait valoir.

De son côté, l’armée ukrainienne a expliqué qu’elle ne peut retirer ses armes lourdes tant que les combats n’ont pas cessé. Et 24 heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, ses troupes auraient été visées par « 112 attaques ».

Ce chiffre a été avancé par le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, lors d’un déplacement à Sofia (Bulgarie). « Nous sommes pleinement engagés dans le respect des accords de Minsk. Pour nous, c’est la seule voie possible pour le pays », a-t-il également affirmé, soulignant que « malheureusement, la situation reste extrêmement tendue ». Pourtant, « il est nécessaire maintenant de cesser les tirs, de retirer l’artillerie lourde et de commencer l’échange des prisonniers, de façon à ce que l’aide humanitaire puisse arriver jusqu’aux gens », a-t-il estimé.

Mais, pour le moment, ce n’est pas encore d’actualité. « Il n’est pas question pour le moment d’un retrait des armes lourdes », a fait savoir Vladislav Seleznev, un porte-parole de l’état-major de l’armée ukrainienne. « Comment peut-on retirer les armes si les rebelles tentent de nous attaquer avec des chars et qu’ils tirent sur nous en permanence? », a-t-il demandé.

« Le retrait des armes lourdes (…) ne peut être réalisé que sous certaines conditions et notamment après l’arrêt total des tirs », a répondu  Edouard Bassourine, un responsable des rebelles, cité par l’agence officielle séparatiste DAN.

Le 16 février, selon un communiqué de l’Élysée, le président Hollande, son homologue ukrainien, Petro Porochenko, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont exprimé « leur préoccupation sur la poursuite des combats à Debaltseve », après s’être entretenus par téléphone. Ils ont aussi souhaité que les obsevateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) aient « un accès libre pour poursuivre leur travail sur le terrain de manière objective et faire appliquer le cessez-le feu ».

Plus tard, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert a indiqué que Mme Merkel ainsi que les présidents Porochenko et Poutine venaient de décider « de mesures concrètes pour permettre aux observateurs de l’OSCE de surveiller le cessez-le-feu sur le terrain », sans pour autant en donner le détail..

« La chancelière Angela Merkel et le président ukrainien ont appelé leur homologue russe Vladimir Poutine a exercer son influence sur les séparatistes prorusses afin qu’ils cessent le feu »,  a encore ajouté M. Seibert.

De son côté, le Kremlin n’a pas parlé de « mesures concrètes » mais d’un « échange de points de vue sur le rôle de l’étape actuelle de la mission de surveillance de l’OSCE ».

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