L’Italie est disponible pour prendre la tête d’une coalition anti-jihadiste en Libye

Trois déclarations en quelques heures sur la Libye… C’est dire si la situation de cette dernière inquiète à Rome. Profitement du chaos politique et de l’affrontement entre libéraux et islamistes, les groupes jihadistes proliférent dans l’est et le sud du pays et cherchent à étendre leur influence.

À plusieurs reprises, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a alerté sur les dangers de voir se constituer aux portes de l’Europe un sanctuaire jihadiste. « Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d’un tel foyer de terrorisme au coeur de la Méditerranée. Il ne faut pas l’accepter », avait-il encore dit le 31 décembre dernier, devant les militaires français engagé dans l’opération Barkhane.

La France porte surtout son attention sur les groupes terroristes qui, chassés du Nord-Mali, ont trouvé refuge dans le sud libyen. D’où la mise en place d’une base avancée à Madama, au Niger, afin de réduire leur liberté de mouvement. Quant à l’Italie, sa préoccupation première concerne la présence de groupes ayant prêté allégeance à l’État islamique (EI ou Daesh) dans l’est de la Libye.

Le 13 février, le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a affirmé que l’Italie serait « prête à combattre, naturellement dans le cadre d’une mission internationale » si les négociations visant à trouver un accord politique entre les factions libyennes venaient à échouer. « Nous ne pouvons accepter l’idée qu’il y a une menace terroriste active à seulement quelques heures de l’Italie par bateau », a-t-il ajouté.

Quelques heures plus tard, son homologue à la Défense, Mme Roberta Pinotti, a précisé les intentions de Rome. Ainsi, dans un entretien publié par le quotidien  Il Messaggero, ce 15 février, elle a affirmé que « l’Italie est prête à guider en Libye une coalition de pays de la région, européens et de l’Afrique du Nord, pour arrêter la progression du califat qui est parvenu à 350 km de nos côtes ».

« Si en Afghanistan nous avons envoyé jusqu’à 5.000 hommes, dans un pays comme la Libye qui nous concerne de bien plus près et où le risque de dégradation est bien plus préoccupant pour l’Italie, notre mission peut être significative et consistante, aussi en ce qui concerne les effectifs », a poursuivi Mme Pinotti.

« Nous en discutons depuis des mois, mais c’est devenu urgent », a-t-elle ajouté, avant de préciser que « toute décision sera prise au Parlement » et que Paolo Gentiloni, « fournira jeudi des informations et des évaluations ».

« Le risque est imminent, on ne peut attendre au delà. L’Italie a des exigences de défense nationale, ne pas voir un califat qui gouverne sur la côte d’en face. Mais nous voulons nous coordonner avec d’autres dans un système de légalité internationale », a encore insisté Mme Pinotti. « Nous devons être présents en Libye comme nous sommes intervenus en Irak aux côtés des très valeureux combattants kurdes », a-t-elle encore fait valoir, avant d’estimer possible la venue de jihadistes sur le territoire italien via des canots transportant des clandestins.

La veille de la publication de cet entretien, le président du Conseil italien, Matteo Renzi, avait aussi évoqué le rôle qu’entend jouer son pays dans la crise libyenne. « Nous avons dit à l’Europe et à la communauté internationale que nous devons cesser de dormir (…) Il faut une mission plus forte de l’ONU. L’Italie est prête, dans le cadre d’une mission ONU, à remplir son rôle pour défendre une idée de la liberté dans la région méditerranéenne », avait-il affirmé sur la chaîne publique TG1.

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