Pour le président Hollande, les conditions ne sont toujours pas réunies pour livrer les BPC Mistral à la Russie

Normalement, la marine russe aurait dû prendre possession du premier des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral, commandés en 2011 pour 1,2 milliard d’euros, en novembre dernier. Sauf que, étant donné les événements dans le sud-est de l’Ukraine (région du Donbass) et surtout le soutien apporté aux séparatistes aux prises avec Kiev, le président Hollande a décidé de surseoir à cette livraison jusqu’à nouvel ordre.

Depuis, le Vladivostok – tel est le nom de ce premier BPC attendu par la Russie – est à quai à Saint-Nazaire tandis que la construction du second navire, qui s’appellera le « Sebastopol » se poursuit comme si de rien n’était. Ou presque.

Cela étant, une source diplomatique russe a estimé, selon l’agence Interfax que l’accord de cessez-le-feu conclu le 12 février à Minsk entre Kiev et les séparatistes pro-russes du Donbass « donne à la France la possibilité de livrer le navire sans froisser ses alliés ». Et d’ajouter : « L’Elysée pourrait donner l’ordre de livrer le Mistral dès le début de la semaine prochaine, de façon à ce qu’il soit prêt pour être livré à la partie russe dans la première quinzaine de mars ».

Seulement, on n’en prend pas le chemin pour le moment. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a écarté toute livraison prochaine du Vladivostok. « On en est au même point. Comment voulez vous que dans ce contexte on puisse appliquer le contrat. Non, il est suspendu pour le moment », a-t-il affirmé.

Cette position a été confirmée plus tard par le président Hollande, lequel se montre prudent sur l’application de l’accord de Minsk auquel il a contribué avec la chancelière allemande, Angela Merkel.

« Les conditions ne sont toujours pas réunies. Elles le seront je l’espère un jour », a-t-il effet dit à l’issue d’un Conseil européen, à Bruxelles. « Il est clair que si tout se mettait en place pour le règlement de la crise ukrainienne, des mesures seraient prises au niveau européen pour alléger les sanctions et la France pourrait s’inscrire dans ce processus, mais nous n’en sommes pas encore là », a-t-il annoncé.

Que fera-t-on de ces deux navires si les conditions pour les livrer ne sont jamais réunies? En tout cas, il est totalement exclu de les faire naviguer sous pavillon français. Pour cela, il en faudrait les moyens et le budget des forces armées ne le permet pas. En outre le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2013 a fixé à 3 le nombre de BPC devant être en service au sein de la Marine nationale.

Lors d’une audition devant la commission « Défense » de l’assemblée nationale, l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM) a évoqué ce dossier. « L’affaire des BPC (…) est un problème industriel et politique », a-t-il fait valoir. En outre, a-t-il ajouté, « les BPC russes et les les BPC russes et les BPC français n’ont de commun que le nom, les premiers étant alimentés électriquement à 50 hertz au lieu de 60, ce qui impliquerait d’installer des convertisseurs pour les adapter, sans compter qu’ils disposent d’une huile spéciale pour naviguer par grand froid ». Et de conclure : « En tout état de cause, une telle adaptation ne pourrait donc se faire du jour au lendemain car elle exigerait des financements et des infrastructures d’accueil supplémentaires dans nos ports militaires. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]