L’actualisation de la Loi de programmation militaire mettra l’accent sur le renseignement et la cyberdéfense

Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le 5 février dernier, le président Hollande a affirmé que les « principes mêmes de la LPM [ndlr, Loi de programmation militaire, adoptée en décembre 2013] n’ont pas à être modifiés », alors qu’à l’issue d’un conseil de défense, deux semaines plus tôt, l’Élysée avait annoncé sa « réactualisation » d’ici l’été prochain.

Quels seront les points de la LPM, dans ces conditions, qui feront l’objet d’une « réactualisation »? A priori, une augmentation du budget de la Défense est exclue, même si les suppressions de postes seront moindres que prévues. Le secrétaire d’État au budget, Christian Eckert, l’a clairement fait entendre, au cours d’une réunion de la commission des Finances, à l’Assemblée nationale. Après avoir rappelé « l’attachement » du président Hollande aux 31,4 milliards d’euros alloués aux forces armées, il a en effet averti que cela « vaut dans les deux sens ».

Le 10 février, au cours d’un débat, inédit à l’Assemblée nationale, sur le renseignement, le ministe de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a donné quelques pistes.

« Les choix que vous avez actés dans la loi de programmation militaire sont donc confortés, mais il était nécessaire d’actualiser ce texte », a-t-il dit aux députés présents dans l’Hémicycle. Mais, a-t-il ajouté, « le renseignement, qui s’affirme comme un facteur clé de notre autonomie stratégique et comme le déterminant de l’action militaire, sera au cœur des travaux qui nous attendent. Des mesures de renforcement ont d’ores et déjà été annoncées par le Président de la République et le Premier ministre ».

Dans les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, Manuel Valls, le chef du gouvernement, a en effet récemment annoncé un renforcement des effectifs des services de renseignement. Ce qui se traduira par la création de 185 postes supplémentaires à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de 65 autres à la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD). En outre, M. Le Drian a indiqué que les « programmes de renseignement technique seront menés à bien, voire même amplifiés ». Mais ce n’est pas tout.

« Nous allons accroître – c’est une des priorités que je me suis fixées – nos capacités de détection, de suivi et d’entrave des menaces terroristes, y compris dans le champ cyber et informatique », a aussi affirmé le ministre. « Ce domaine est en effet essentiel. La crise dramatique que nous avons connue en janvier a une nouvelle fois démontré les dimensions nouvelles du champ d’action de la guerre cyber », a-t-il expliqué.

Aussi, un nouvel effort devrait être consenti en faveur de la cyberdéfense, ce domaine ayant déjà bénéficié d’un milliard d’euros dans le cadre de la version initiale de la LPM, laquelle a établi un « droit de riposte (…) en réaction aux attaques sur Internet ». Selon le ministre, ce « volet de notre défense sera encore amplifié lors de l’examen du projet de loi actualisant la loi de programmation militaire », qui sera soumis au Parlement d’ici l’été.

Et cela apparait d’autant plus nécessaire aux yeux de M. Le Drian que les « les attaques se multiplient » : celles qui ciblent le ministère de la Défense « doublent tous les ans depuis » depuis 2012. « Nous y faisons face en nous protégeant, mais cela montre bien l’ampleur du sujet », a-t-il dit.

« Il faudra nous habituer à travailler en permanence sous agression informatique et cela concerne, non pas seulement le ministère de la défense, mais les grands opérateurs d’infrastructures vitales ainsi que les bombes logicielles, qui peuvent partout remettre en cause le fonctionnement même de l’économie nationale », a encore ajouté le ministre, après avoir estimé que la cybersécurité est « devenue un enjeu de souveraineté aussi important pour nous que d’autres enjeux de souveraineté ».

Seulement, un problème se pose : le manque de spécialistes de ces question. « Le sujet principal est celui de la formation, de la qualification et de l’identification des compétences qui nous manquent. Les armées et les opérateurs de grandes infrastructures vitales confirment qu’il n’existe pas suffisamment de personnes qualifiées pour faire face à l’accroissement de la demande et à notre besoin de protection », a admis M. Le Drian.

« Je veux qu’il y ait une culture de la cybersécurité dans le ministère de la défense. J’ai eu l’occasion d’évoquer l’expression symbolique de « quatrième armée », aux côtés de l’armée de terre, de l’armée de mer et de l’armée de l’air, qui disposeraient de compétences partagées. Cela doit être une préoccupation permanente de l’ensemble du ministère de la défense et de l’état-major, qui partagent déjà largement le constat de l’importance de cet outil », a conclu le ministre.

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