Le retour du Service national plébiscité par 80% des Français

Quand le président Chirac annonça, en février 1996, sa décision de suspendre la conscription, cela ne rencontra pas beaucoup d’opposition. Puis, quelques années plus tard, quelques sondages indiquèrent qu’il y avait une majorité de Français (environ 60%) pour regretter la disparition du Service national.

Regretter est une chose. Vouloir le remettre en place en est une autre. Et pourtant, selon un enquête d’opinion réalisée après les attentats des 7, 8 et 9 janvier par l’Ifop pour Ouest France Dimanche, 80% des personnes interrogées se disent favorables à la création d’un nouveau service national obligatoire qui, d’une durée de « quelques mois », concernerait aussi bien les garçons que les filles.

La principale raison de cette adhésion à cette idée de remettre au goût du jour une sorte de conscription revisitée est que cette dernière permettrait à la fois un « brassage des différents milieux sociaux » tout en assurant une « transmission des valeurs républicaines » et un renforcement de la « cohésion nationale ».

Selon les proximités politiques, 90% des sympathisants de l’UMP sont favorables à un nouveau service national. Même chose pour 89% des personnes proches du FN. L’adhésion à cette idée est moins marquée pour les gens se disant de gauche mais elle reste toutefois élevée (71% pour ceux du PS, 72% pour ceux du Front de Gauche).

Le plus intéressant est de regarder les tranches d’âges. Et les premiers concernés par une telle mesure, c’est à dire les jeunes âgés de 18 à 24 ans, sont d’accord, pour 67% d’entre eux, avec l’idée de créer un nouveau service national. L’adhésion à cette proposition va crescendo en fonction de l’âge. Ainsi, 90% des plus de 65 ans y sont favorables.

Le débat sur le service national a été rouvert récemment par plusieurs responsables politiques, notamment appartenant à l’UMP (comme Xavier Bertrand ou encore François Baroin).

S’agissant de l’aspect militaire de cette affaire, l’article L. 112-2 du Code du service national précise que « l’appel sous les drapeaux est suspendu » et qu’il peut être « rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l’exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent ».

Or, les armées n’ont plus les moyens de revenir au temps de la conscription. Devenue professionnelle, son organisation ne correspond plus à ce mode de fonctionnement. Il faudrait ainsi recréer des casernes (après les avoir vendues, parfois pour l’euro symbolique), voire des hôpitaux militaires, une chaîne administrative et logistique dédiée (bureaux du service national, centres de sélection, etc…). Il serait également nécessaire de trouver les personnels pour encadrer les conscrits, soit au bas mot, 40.000 officiers et sous officiers pour s’occuper de 130.000 jeunes pendant 6 mois. Bref, ce serait un tout autre modèle d’armée qui ne correpondrait pas forcément aux menaces actuelles. En outre, cela aurait inévitablement un coût… Alors que le budget de la Défense est déjà sous très forte contrainte.

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