Les forces ukrainiennes perdent le contrôle de l’aéroport de Donetsk

Depuis mai 2014, l’aéroport de Donetsk, un site autant stratégique que symbolique, est l’objet de combats entre les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes, soutenus par Moscou.

La situation s’était figée jusqu’au 15 janvier dernier. Ce jour-là, les séparatistes, qui tiennent Donetsk, lancèrent une offensive sur les positions tenues par les soldats de la 93e Brigade mécanisée de l’armée ukrainienne et les combattants du Corps des volontaires ukrainiens, ces derniers défendant les ruines de l’aéroport.

Dans les heures qui suivirent, les séparatistes intensifièrent leurs bombardements. Un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Liyssenko, affirma même que ces derniers disposaient d’armes lourdes russes, dont des lance-roquettes multiples TOS-1 Buratino, BM-30 Smertch et BM-27 9P14 Uragan.

« Les services de renseignement ont repéré des équipements militaires lourds de la Fédération de Russie, près de Rostov-sur-le-Don » [ndlr, ville russe située à une centaine de kilomètres de la frontière] qui « sont déplacés ponctuellement sur le territoire et ukrainien et utilisés contre les forces armées ukrainiennes », avait alors prétendu Andriï Liyssenko.

Toutefois, selon l’armée ukrainienne, la situation à l’aéroport de Donetsk était encore « sous contrôle » le 17 janvier. « Il y a des attaques et des tentatives d’attaques en permanence mais le commandement militaire envoie constamment des renforts », avait affirmé son porte-parole.

Le lendemain, Kiev décida de lancer une contre-offensive avec l’appui d’une dizaine de chars. Au soir de cette journée, le porte-parole de l’armée ukrainienne annonça que cette « opération de grande ampleur » avait atteint ses objectifs. « Nos militaires ont réussi à nettoyer presque entièrement l’enceinte de l’aéroport », s’était-il félicité. Et d’ajouter : « Les troupes ukrainiennes n’ayant pas franchi la ligne de front établie par les accords de paix de Minsk, cette opération n’est pas une violation de la trêve instaurée début décembre ».

Sauf que, visiblement, il n’en était rien. Alors que les chefs des diplomaties russe, ukrainienne, allemande et française appelaient, le 21 janvier, à un arrêt des hostilités, ces dernières s’intensifièrent, avec au moins 44 personnes, civiles ou militaires, tuées au cours des dernières 24 heures.

Et, sous la pression de l’artillerie des séparatistes, les forces ukrainiennes ont donc été contraintes d’abandonner l’aéroport de Donetsk, le 22 janvier, au terme de 242 jours de siège. « Nous avons pris hier (22/01) la décision de quitter le territoire du terminal de l’aéroport pour de nouvelles positions », a expliqué Vladislav Seleznyov, le porte-parole de l’opération « antiterroriste » lancée par Kiev.

« Nous avons échoué à garder le contrôle des ruines du nouveau terminal », a admis  Iouri Birioukov, un conseiller du président ukrainien Petro Porochenko, avant d’assurer que « l’aéroport était et demeure une ligne de front ».

On ignore encore les intentions de Kiev. L’on sait que le président Porochenko a réuni, à deux reprises, son état-major pour discuter « des moyens de regrouper les forces (armées) et d’arrêter l’agression ». Les séparatistes « vont en prendre plein la figure », aurait-il même promis.

Par ailleurs, et alors que l’armée ukrainienne abandonnait l’aéroport de Donetsk, un obus est tombé sur un trolleybus circulant dans un secteur de la ville jusque-là relativement épargnée par les combats. Treize personnes y ont perdu la vie. Une semaine plus tôt, un bus avait connu exactement le même sort, cette fois à Volnovakha, à 35 km plus au sud (8 passagers tués).

Les séparatistes et l’armée ukrainienne se sont se sont mutuellement accusés d’être à l’origine du tir d’obus qui a touché ce trolleybus. « L’endroit où le bus a été touché est situé à plus de 15 kilomètres de la zone où se trouvent les forces antiterroristes », a fait valoir Kiev.

Cette attaque « apporte la preuve des crimes barbares que commet le gouvernement de Kiev », a immédiatement rétorqué le ministère des Affaires étrangères de la république autoproclamée de Donetsk. Dans la nuit, le Conseil de sécurité des Nations unies a souligné « la nécessité de mener une enquête objective et de traduire devant la justice les auteurs de cet acte répréhensible ».

Quelques heures après le drame, les séparatistes ont contraint une vingtaine de prisonniers appartenant aux forces ukrainiennes à marcher dans les rues de Donetsk sous les insultes et les jets de projectiles des habitants.

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