Le Tchad envoie des militaires au Cameroun pour combattre Boko Haram

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Après avoir pendant longtemps minimisé la menace de Boko Haram, le Cameroun a lancé il y a quelques mois deux opérations militaires (Émergence et Alpha) afin de contrer les incursions meurtrières du groupe jihadiste nigérian dans l’extrême nord de son territoire.

Et malgré des bilans – non vérifiés de manière indépendante – annonçant de lourdes pertes infligées par l’armée camerounaise dans les rangs de Boko Haram, la situation ne s’améliore pas. Loin de là. La raison? Les effectifs des forces de sécurité sont insuffisant pour contrôler la frontière – poreuse – avec le Nigéria.

« Boko Haram est en train de mettre le feu (au Cameroun) et personne ne bouge le moindre petit doigt », a déploré, auprès de l’AFP, un officier camerounais, après une énième attaque des jihadistes nigérians.

Ces derniers ont en outre l’objectif d’instaurer un califat sur les territoires dont ils prennent le contrôle. Pour le moment, ils se concentrent sur l’État de Borno (nord du Nigéria), en se livrant à des exactions d’une ampleur qui dépassent l’entendement, comme par exemple à Baga, une localité proche du Lac Tchad, où 2.000 personnes auraient été massacrés, provoquant l’exode d’une dizaine de milliers d’autres vers le Tchad.

Justement, à N’Djamena, les gains territoriaux de Boko Haram ainsi que ses attaques menées dans le nord du Cameroun par Boko Haram sont vus avec inquiétude. Et cela pour au moins deux raisons : les jihadistes nigérians menacent à la fois la sécurité et la stabilité du Tchad (seulement 50 km de territoire camerounais séparent la frontière tchadienne – et N’Djamena – du nord du Nigéria) et la route stratégique N’Djamena-Douala, qui offre un débouché maritime aux Tchadiens, est désormais menacée.

D’où l’appel à la mobilisation lancé à la communauté internationale par le Tchad, et son offre de « soutien actif » au Cameroun. L’on ignorait la forme qu’allait prendre ce dernier. Désormais, l’on sait qu’il sera militaire.

« Le président de la République du Cameroun, Paul Biya, annonce que (…) M. Idriss Deby Itno, président de la République du Tchad, a décidé d’envoyer un important contingent des forces armées tchadiennes pour venir en appui aux forces armées camerounaises qui font face avec courage, détermination et une vaillance reconnue de tous aux attaques répétées de la secte terroriste Boko Haram sur le sol camerounais », a ainsi fait savoir, le 15 janvier, un communiqué signé par Issa Tchiroma Bakary, le porte-parole du gouvernement camerounais.

Les choses n’ont pas traîné puisque l’Assemblée nationale tchadienne a donné son accord à cette intervention militaire dès le lendemain. Il s’agit d’envoyer un « des forces armées et de sécurité tchadiennes en appui aux forces camerounaises et nigérianes engagées dans la guerre contre les terroristes au Cameroun et au Nigeria ». Le volume des forces qui seront engagées n’a pas été précisé.

Le président tchadien, Idriss Déby-Itno, a clairement annoncé la couleur. « Je tiens à informer préalablement l’Assemblée nationale, des actions concertées et conjuguées qui vont être menées dans les jours à venir par les pays membres de la CBLT (Commission du Bassin du lac Tchad, Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun), en vue de reconquérir Baga, base principale de la force multinationale. La libération de cette localité qui constitue l’épicentre de nos échanges économiques est indispensable à la relance du trafic et à la circulation des biens et des personnes en toute sécurité », a-t-il fait savoir dans une déclaration adressée aux parlementaires.

Pour rappel, la France est également engagée dans le combat contre Boko Haram étant donné qu’elle a mis en place une cellule de coordination et de liaison (CCL) adossée à l’opération Barkhane et forte de 10 militaires afin de coordonner les actions militaires des pays de la la CBLT.

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