L’État islamique prend pied sur le sous-continent indien

En septembre 2014, Ayman al-Zawahiri, le successeur d’Oussama ben Laden, a annoncé la création d’une nouvelle branche de l’organisation qu’il dirige, appelée « al-Qaïda pour le jihad sur le sous-continent indien », dont l’objectif est d’instaurer un califat sur un territoire allant de l’Afghanistan au Bangladesh, en passant par le Pakistan et certaines parties de l’Inde (Cachemire et Gujarat).

Pour al-Zawahiri, il s’agissait très probablement de limiter l’influence grandissante sein de la mouvance jihadiste d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique (EI ou Daesh), lequel venait d’établir un califat à cheval entre l’Irak et la Syrie. Chose qu’al-Qaïda n’a jamais pu faire.

D’après ce qui avait été dit à l’époque, « al-Qaïda pour le jihad sur le sous-continent indien » devait être formée par le regroupement de plusieurs organisations et dirigée par le Pakistanais Assim Oumar, subordonné au mollah Omar, le chef du mouvement taleb afghan.

Cependant, cette stratégie n’empêche pas les ralliements à l’État islamique dans la région. Ainsi, des officiers afghans ont affirmé à l’Associated Press que l’organisation de Baghdadi tentait de s’implanter dans le sud de l’Afghanistan. Le général Mahmood Khan, le commandant ajoint du corps de l’armée nationale afghane (ANA), a précisé qu’un certain Mullah Abdul Rauf cherchait à recruter pour le compte de l’EI dans la province du Helmand.

Aux États-Unis, Marie Harf, une porte-parole du département d’État, a indiqué que les autorités américaines avaient « remarqué des messages de soutien au groupe État islamique en Afghanistan ». La greffe peut-elle prendre? L’Associated Press cite des experts qui en doutent. Selon eux, les objectifs des taliban ne sont pas les mêmes que ceux de Daesh et il ne faut pas oublier l’importance des liens tribaux.

Toutefois, des chefs des mouvements taliban pakistanais et afghan ont franchi le pas en se rangeant sous la bannière de l’EI. Le 10 janvier, rapporte Le Point, dix d’entre eux ont ainsi prêté allégeance à Baghdadi dans une vidéo de 16 mn diffusée via Internet.

Et dans la liste, l’on trouve de vieilles « connaissances », comme Shahidullah Shahid, l’ancien porte-parole du TTP (Tehrik-e-Taliban Pakistan). Il y a également Sayed Khan Orakzai et Gul Zaman, deux commandants taliban qui visèrent la succession d’Hakimullah Mehsud, tué par une frappe aérienne le 1er novembre 2013 et finalement remplacé par le Maulana Fazlullah. Des insurgés des provinces afghanes de Kunar et de Logar ont également fait allégeance à Baghdadi alors que l’on aurait pu penser qu’ils étaient proches du réseau Haqqani.

Outre le sous-continent indien, l’EI séduit aussi au Caucase. Depuis la mort de leur chef, Dokou Oumarov, certains jihadistes tchétchènes et daghestanais ont en effet prêté allégeance à Baghdadi. Plusieurs d’entre eux ont diffusé des vidéos, ces dernières semaines, pour annoncer leur ralliement.

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