Le Tchad propose son aide au Cameroun pour combattre Boko Haram

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Au début de cette année, le groupe jihadiste Boko Haram, dont l’objectif affiché est d’instaurer un califat dans le nord du Nigéria, a pris le contrôle de la base militaire de Baga, située près du lac Tchad et s’est livré à des exactions sur la population civile des environs.

Selon des informations obtenues par l’organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International, l’ampleur des massacres est effrayante : des centaines personnes auraient été tuées par les jihadistes. Certaines sources avancent le bilan de 2.000 morts. En outre, 16 villages ont été rayés de la carte et d’après les images satellites, l’on estime que plus de 3.700 bâtiments ont été détruits ou endommagés. Il s’agit de l’offensive la plus meurtrière de Boko Haram depuis 2009.

Aux dires des responsables locaux, 20.000 civils ont été contraints à prendre la fuite. Et le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies, qui évoqué un vague d’attaques « haineuses et brutales », a estimé à 11.320 le nombre de réfugiés nigérians (dont 60 % de femmes et de fillettes) au Tchad.

Les actions de Boko Haram dans le nord du Nigéria ont fait fuir quelque 135.000 personnes vers les pays voisins, en particulier le Tchad et le Niger. « La situation la plus préoccupante pour nous aujourd’hui c’est le Nigeria, c’est la situation de Boko Haram. À Diffa [ndlr, ville qui accueille des réfugiés], j’ai fait deux ou trois tours pour essayer d’encourager nos hommes sur le terrain, nous sommes en opération à Diffa, » a récemment affirmé Karidjo Mahamadou, le ministre nigérien de la Défense.

Il n’y a pas qu’à Niamey que Boko Haram inquiète. Après avoir longtemps minimisé la menace que pouvait représenter le groupe jihadiste, le Cameroun est désormais en première ligne. Il y a quelques jour, l’organisation terroriste nigériane, qui multiplie les incursions meurtrières dans le nord du pays, a directement menacé Paul Biya, le président camerounais.

Cette semaine encore, des militants de Boko Haram ont attaqué un camp militaire camerounais. L’attaque a été repoussée et, faute de pouvoir être confirmé de manière indépendante, le bilan donné par Yaoundé paraît quelque peu exagéré : 143 terroristes auraient été tués et un soldat camerounais y aurait perdu la vie.

Des initiatives ont cependant été prises au niveau des pays de la commission du Lac Tchad pour contrer Boko Haram, sans pour autant se concrétiser rapidement. La France a même mis des moyens pour coordonner leurs efforts, via une cellule de coordination et de liaison (CCL) adossée à l’opération Barkhane.

Toutefois, le Tchad est bien décidé à prendre les devants. Il a ainsi proposé un « soutien actif » au Cameroun pour lutter contre Boko Haram tout en appelant la communauté internationale à agir.

« Le gouvernement tchadien exprime sa solidarité avec le Cameroun et est disposé à lui apporter un soutien actif dans la riposte courageuse et déterminée de ses forces armées aux actes criminels et terroristes de Boko Haram », a affirmé N’Djamena, selon un communiqué diffusé après une rencontre entre le président tchadien, Idriss Déby, et le ministre camerounais de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’.

« Face à cette situation qui menace dangereusement la sécurité et la stabilité du Tchad et porte atteinte à ses intérêts vitaux, le gouvernement tchadien ne saurait rester les bras croisés », poursuit le texte le communiqué.

En outre, le gouvernement tchadien appelle aussi la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) à soutenir son homologue camerounais afin de contrer le groupe jihadiste nigérian. Enfin, il « exhorte la communauté internationale (…) à des actions concrètes et conséquentes en faveur du Cameroun et de tous les Etats riverains du Lac Tchad, en vue d’éradiquer ce fléau que constitue la secte Boko Haram ».

Pour le moment, et hormis l’afflux de réfugiés venus du Nigéria qu’il doit prendre en compte, le Tchad a jusqu’à présent été épargné par Boko Haram. Mais le territoire tchadien n’est séparé que par une bande d’une cinquantaine de kilomètres située au nord du Cameroun de l’État de Borno, le fief du groupe jihadiste.

Qui plus est, le Tchad et le Niger doivent également faire face aux jihadistes de la bande sahélo-saharienne (BSS) qui trouvent refuge dans le sud de la Libye.

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