Entre 3.000 et 5.000 ressortissants européens ont rejoint des groupes jihadistes

Lors du débat sur la prolongation de l’opération Chammal, le 13 janvier, le Premier ministre, Manuel Valls, a rappelé qu’environ 400 ressortissants français (ainsi que des résidents en France) sont actuellement en Irak et en Syrie pour combattre dans les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh). « Certains de nos compatriotes sont impliqués dans les atrocités commises par Daech. Beaucoup participent également à la propagande, et appellent à commettre des attaques sur notre territoire. Face à cela, il nous faut agir avec sang-froid, discernement et détermination », a-t-il dit.

Au total, selon les chiffres avancés devant la commission des Affaires intérieures du Parlement britannique par Rob Wainwright, le directeur d’Europol [ndlr, European Police Office], il y aurait actuellement entre 3.000 et 5.000 Européens partis faire le « jihad ». Et 2.500 noms de suspects ont déjà été rassemblés auprès des services des différents pays de l’Union européenne.

« Clairement, nous avons affaire à un grand nombre, principalement de jeunes hommes, qui ont le potentiel de revenir et le potentiel, ou l’intention et la capacité de mener des attaques comme celles de Paris la semaine dernière », a estimé M. Wainwright. « C’est certainement la menace terroriste la plus sérieuse à laquelle l’Europe doit faire face depuis le 11-Septembre », a-t-il aussi prévenu.

Ce serait une erreur de se focaliser uniquement sur les jihadistes européens enrôlés par l’État islamique. D’autres organisations terroristes recrutent également des ressortissants occidentaux, comme les différentes branches d’al-Qaïda. Ainsi, des étrangers combattent dans les rangs des shebab somaliens ou dans ceux du Front al-Nosra, plus précisément du groupe Khorassan. Et si ce phénomène n’est pas nouveau, il prend une ampleur particulièrement inquiétante.

C’est ce qu’a d’ailleurs souligné le directeur d’Europol. « Tandis que les services de sécurité se sont assez justement concentrés prioritairement sur les combattants qui reviennent de Syrie et d’Irak, les événements à Paris la semaine dernière montrent qu’il y a clairement une menace de la part des cellules dormantes », a-t-il également dit.

Mais que faire de ces jihadistes quand ils reviendront en Europe? « Il faut harmoniser les dispositifs pénaux, mais de grâce, n’envoyons pas tous ceux qui reviennent de Syrie en prison. Il vont encore être plus radicaux et il vont inspirer d’autres », a estimé Gilles de Kerchove, le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, dans un entretien diffusé par l’AFP. « Parce qu’on sait combien la figure du vétéran inspire, même si le type faisait la vaisselle en Syrie et n’était pas en première ligne. Il va inventer qu’il était un grand héros, qu’il a décapité dix personnes », a-t-il ajouté, en citant les cas de Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche ou encore celui d’Amedy Coulibaly.

Sans doute que la solution la plus simple serait de mettre les jihadistes à l’isolement afin d’éviter justement l’endoctrinement d’autres détenus…

Quoi qu’il en soit, pour M. de Kerchove, la « menace de nouveaux attentats reste sérieuse » car « Daesh veut agir et l’a annoncé » tandis qu' »al-Qaïda est fort dégradé mais veut rester dans la course et se rappeler à notre bon souvenir [ndlr, ce qui est fait, avec la revendication de l’attentat contre Charlie Hebdo par AQPA] ».

« Il n’y a pas une solution miracle. C’est en jouant sur la palette de la prévention, de la détection, de la répression et la dimension internationale qu’on va essayer d’éviter le plus possible que cela se répète. Mais l’empêcher, non. On ne l’empêchera pas à 100% », a ensuite fait valoir M. de Kerchove.

« Il y a malheureusement des armes qui viennent des Balkans, de Libye, qui sont en vente libre et il y a des fous. Quand vous avez un accès facile à la kalachnikov et des fous radicalisés, c’est extrêmement difficile de l’empêcher, mais on peut essayer le plus possible, sans entrer dans une société totalitaire », a-t-il également ajouté.

Quant au nombre de ressortissants européens ayant rejoint des groupes jihadistes en Irak et en Syrie, M. de Kerchove l’estime à 3.000. Et, selon lui, « 30% sont rentrés dans les pays de l’UE ».

Par ailleurs, il y a ceux qui sont partis s’enrôler dans les organisations jihadistes… Et il y a ceux qui ont un lien avec ces dernières. En décembre, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait indiqué que « le nombre de ressortissants français ou résidents habituels en France en lien avec les filières terroristes en Syrie et en Irak s’établissait à plus de 1.200 » au total.

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