Les forces de sécurité doivent faire face à deux prises d’otages simultanées

coulibaly-20150109Quelques heures après l’attentat commis par les frères Kouachi contre Charlie Hebdo, une jeune policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, a été mortellement blessée au cours d’une fusillade à Montrouge, à la périphérie sud de Paris.

Les conditions n’étant encore pas clairement établie sur les circonstances de cette attaque, il faut prendre les informations avec précaution. Ainsi, il a été question, dans un premier temps, d’un tireur isolé alors que d’autres sources ont indiqué que la fusillade serait le fait d’un homme de type africain et d’une femme de type nord-africain.

Quoi qu’il en soit, un suspect a été vite identifié et deux personnes de son entourage familial ont été interpellées dans le quartier sensible de la Grande Borne à Grigny. Et, les autorités ont lancé un appel à témoin concernant deux individus, à savoir Hayat Boumeddiene, une femme de 26 ans, et Amedy Coulibaly (32 ans).

« Ces personnes, susceptibles d’être armées et dangereuses, font l’objet de mandats de recherche du Parquet de Paris dans le cadre de l’enquête diligentée suite à l’homicide volontaire en relation avec une entreprise terroriste » commis le 8 janvier à Montrouge, indique l’avis de recherche.

Sont elles impliquées dans la prise d’otage actuellement en cours dans un épicerie casher située à la porte de Vincennes, à Paris? « C’est le tireur de Montrouge », a affirmé une « source proche du dossier », sollicitée par l’AFP.

Et, a priori, Amedy Coulibaly est une relation de Chérif et Saïd Kouachi, les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo. Après une journée de traque dans l’Aisne, les forces de sécurité ont fini par les coincer à Dammartin-en-Goële, un commune de 8.000 habitants située à une vingtaine de km de l’aéroport international de Roissy. Ils sont actuellement retranchés dans les locaux d’une petite entreprise, avec très probablement au moins un otage. Le GIGN et le RAID sont sur place.

« Une intervention est en cours qui est destinée à neutraliser les auteurs du lâche attentat perpétré il y a deux jours », a indiqué Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. Le porte-parole de la place Beauvau, Pierre-Henry Brandet, a précisé que les forces de l’ordre cherchent à « établir un dialogue » avec les terroristes. Mais selon le député UMP de Seine-et-Marne Yves Albarello, présent au PC de crise installé sur place, ces derniers ont déclaré vouloir « mourir en martyrs ».

Par ailleurs, l’on en sait sans doute un peu plus (sous réserve de confirmation) sur le parcours de Saïd Kouachi. D’après le New York Times, il aurait suivi un entraînement auprès d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) en 2011. Cette branche de l’organisation fondée par Ben Laden est surtout présente au Yémen, où elle bénéficie de nombreux camps d’entraînement.

Sur les ondes d’Europe1, l’automobiliste qui s’est fait voler sa voiture par les frères Kouachi, juste après l’attentat contre Charlie Hebdo, a précisé que ces derniers lui ont dit qu’ils avaient agi au nom d’al-Qaïda au Yémen. Tout porte donc à croire que l’attaque du 7 janvier n’a pas été commanditée par Daeh (État islamique ou EI), même s’il s’en est félicité, mais par AQPA. Et cela d’autant plus que le dessinateur Charb figurait sur une liste des personnalités à assassiner dans un numéro de la revue Inspire que cette organisation a diffusé au printemps 2013.

Le lien entre Amedy Coulibaly  et Chérif Kouachi (dont le parcours a été retracé ici) porte un nom : Smaïn Ait Ali Belkacem, condamné en 2002 à la prison à perpétuité pour sa participation à l’attentat contre la station RER d’Orsay en octobre 1995. Les deux hommes ont fait partie d’un complot, fomenté par Djamel Beghal, un vétéran du jihadisme algérien passé par l’Afghanistan.

Il n’est pas encore clair si le tueur de Montrouge, récemment sorti de prison, et les frères Kouachi sont bien tous les trois issus de la même filière jihadiste des Buttes-Chaumont (XIXe arrondissement), démantelée en 2005. Ce réseau, dirigé par un certain Farid Benyettou, recrutait des volontaires pour aller combattre les troupes américaines en Irak.

Plusieurs de ses membres ont fait parler d’eux par la suite, malgré un passage devant la justice. Ainsi, condamné en 2008 à 7 ans de prison assortis d’une période de sûreté des deux tiers, pour avoir été l’un des principaux organisateurs de cette filière de recrutement vers l’Irak, où il était parti lui-même combattre, Boubakeur El Hakim a récemment revendiqué l’assassinat de deux opposants tunisiens, Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd, au nom du groupe Ansar Ashariaa, lequel a fait allégeance à l’État islamique.

Un autre ancien membre de ce réseau, Thamer Bouchnak, arrêté en même temps que Chérif Kouachi alors que tous les deux se préparaient à partir en Irak, a également été impliqué dans le complot visant à faire libérer Smaïn Ait Ali Belkacem. Par l’intermédiaire de Mohamed el-Ayouni, un ex-membre du réseau des Buttes-Chaumont, il est entré en relation avec un certain Salim Benghalem.

Condamné en 2007 à 11 ans de réclusion criminelle pour son implication dans une affaire de meutre et de tentative de meurtre, ce dernier bénéficie, un an plus tard, d’un régime de semi-liberé puis d’une liberté conditionnelle. Mais c’est en prison qu’il a rencontré Mohamed el-Ayouni… Définitivement libre en 2010, il apparaît sur les radars des services pour ses relations avec les anciens du réseau des Buttes Chaumont.

Un temps inquiété dans le cadre de l’affaire du complot visant à faire libérer Belkacem, il finit par prendre un aller simple pour la Syrie en 2012. Et, en octobre de l’année dernière, son nom est apparu sur la liste des terroristes les plus recherchés par les États-Unis. Il y est décrit comme étant un « Français extrémiste basé en Syrie, membre de l’organisation État islamique, qui effectue des exécutions pour le compte du groupe ».

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