Selon M. Le Drian, il y a des « points de connexion » entre l’État islamique et les groupes jihadistes sahéliens en Libye

Depuis deux semaines, la milice islamiste Fajr Libya, originaire de Misrata, tente de prendre le contrôle des installations pétrolières situées dans l’est de la Libye au nom du gouvernement installé à Tripoli, lequel n’est pas reconnu par la communauté internationale, à la différence de celui conduit par Abdallah al-Theni, soutenu par les milieux libéraux libyens.

Les combats ont donc lieu essentiellement dans le croissant pétrolier libyen une région qui engloble les terminaux d’al-Sedra, de Ras Lanouf et de Brega. Bien évidemment, ils ne sont pas sans conséquences sur la production de brut, cette dernière ayant chuté de 350.000 barils/jour.

Pour le moment, Fajr Libya porte ses efforts sur le terminal pétrolier d’al-Sedra. Sans succès. Il y a quelques jours, la milice islamiste a lancé son premier raid aérien contre ce site, qu’elle a de nouveau attaqué le 28 décembre.

Du coup, en guise de riposte, les forces loyalistes libyennes ont lancé un raid aérien sur des positions tenues par les islamistes à Misrata. Il s’agit des premières frappes aériennes contre cette ville située à 200 km à l’est de Tripoli depuis la chute du colonel Kadhafi, en octobre 2011.

L’aviation loyaliste a ainsi bombardé l’Académie de l’aviation, le port de Misrata et une usine de sidérurgie. Le bilan ne fait état d’aucune victime.

Ces raids aériens ont « été menés en riposte à de nouvelles tentatives d’attaques lancées dimanche matin [28 décembre, ndlr] par des miliciens de Fajr Libya (aube de la Libye) contre le terminal pétrolier d’al-Sedra », a expliqué le colonel Ahmed Mesmari, le porte-parole du commandement des forces armées libyennes.

En attendant, les attaques lancées contre le terminal pétrolier d’al-Sedra ont provoqué un incendie qui s’est propagé à 7 réservoirs (le feu aurait été maîtrisé pour 4 d’entre eux).

Plus généralement, la situation est extrêmement compliquée en Libye. Outre les combats entre forces loyalistes et milices islamistes, il faut aussi prendre en compte la présence d’éléments jihadistes dans l’est du pays, notamment à Benghazi et à Derna, où un groupe armé a fait allégeance à l’État islamique (EI ou Daesh). Le sud libyen est quant à lui un « hub » terroriste, pour reprendre le terme de Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense.

Ce dernier a d’ailleurs évoqué la dossier libyen lors d’un entretien donné au Journal du Dimanche. »On voit apparaître aujourd’hui des points de connexion entre Daesh et des groupes qui se réclamaient jusqu’à présent d’al-Qaida dans la zone sahélo-saharienne, notamment à Derna, en Libye, où Daech essaie de prendre la main. Le creuset de cette connexion est en Libye », a-t-il expliqué.

Quand au sud-libyen, « c’est là que se trouve Belmokhtar [l’un des responsables d’al-Mourabitoune, ndlr] mais aussi Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar-Dine », a rappelé M. Le Drian. « J’ai la conviction que le sujet libyen est devant nous. En 2015, l’Union africaine, les Nations unies et les pays voisins devront se saisir de cette question sécuritaire brûlante », a-t-il estimé.

« Avoir si près de la Méditerranée des organisations terroristes structurées met en cause notre propre sécurité », a encore ajouté M. Le Drian. « Et avoir des Français qui combattent aux côtés de Daech, également. Je ne distingue pas entre les terroristes. Ce que nous redoutons, c’est une fusion des mouvances qui, jusqu’à présent, se combattaient : ceux auxquels nous sommes confrontés au Sahel, issus d’al-Qaida, et ceux qui se sont regroupés depuis juin sous le califat de Daech », a-t-il dit.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]