Connexions Internet coupées en Corée du Nord : Une riposte américaine au piratage de Sony Pictures?

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La responsabilité de la Corée du Nord dans le piratage des systèmes informatiques du studio hollywoodien Sony Pictures a ainsi établie par le Federal Bureau of Investigation (FBI). Seulement, les éléments mis en avant pour justifier cette mise en cause sont loin de convaincre tout le monde.

L’objectif de l’attaque des serveurs de Sony Pictures aurait été d’empêcher la sortie du film parodique « L’interview qui tue », dans lequel Kim Jung-un, le chef du régime nord-coréen, ne serait pas à son avantage. Sauf que des scènes de ce long-métrage ont été récemment mises en ligne, comme le rélève Numerama, qui estime qu’il aurait été « carrément idiot » de la part de la Corée du Nord de « pirater et diffuser elle-mêle ce qu’elle prétend faire disparaître ».

Toujours est-il que Washington a promis une réaction à Pyongyang. Après avoir qualifié l’attaque informatique contre Sony Pictures de « grave atteinte à la sécurité nationale », la Maison Blanche a finalement estimé qu’il s’agit d’un « acte de cybervandalisme qui a été très coûteux », selon les mots du président Obama. « Nous le prenons très au sérieux et notre réponse sera proportionnée », a ajouté ce dernier.

« Dans ce nouveau monde, nous allons être dans un environnement où tant de choses sont numérisées qu’à la fois les acteurs étatiques et non-étatiques auront la capacité de perturber nos vies de toutes sortes de manières », a encore affirmé M. Obama, lors d’un entretien diffusé par CNN.

Mais pour le sénateur John McCain, candidat à la Maison Blanche en 2008 sous les couleurs du Parti républicain et probablement prochain président du comité des forces armées du Sénat, il n’est pas question de « vandalisme ».

« Quand vous détruisez des économies, que vous êtes capables d’imposer une censure sur le monde et spécialement sur les Etats-Unis, c’est plus que du vandalisme, c’est une nouvelle façon de faire la guerre », a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, et après les accusions portées contre Pyongyang et les menaces d’une riposte, les connexions Internet ont été coupées pendant près de 9 heures en Corée du Nord, le 22 décembre. Les causes de cette panne restent encore inconnues.

« Le fait qu’Internet ne fonctionnait plus entre ce pays et le reste du monde laisse penser à une éventuelle attaque », a toutefois estimé la société de sécurité informatique Dyn Research. « En général, on détecte de courtes interruptions (depuis la Corée du Nord), mais jamais de problèmes continus de connexion », a expliqué Doug Madory, un de ses responsables.

Peu avant cette coupure des connexions, le département d’État, via Marie Harf, sa porte-parole adjointe,  avait avancé que si la Corée du Nord voulait « aider dans cette affaire », elle « devait admettre sa culpabilité et dédommager Sony ». Il y a quelques jours, Pyongyang avait proposé à Washington une enquête conjointe sur cette affaire.

L’administration Obama « examine une série d’options », avait ensuite poursuivi Mme Harf. « Parmi nos réponses, certaines seront visibles, d’autres pas », avait-elle conclu.

De son côté, la Commission nationale de défense nord-coréenne (NDC) avait répondu que « l’armée et le peuple de Corée du Nord étaient tout à fait prêts à une confrontation avec les Etats-Unis, dans tous les espaces de conflit, y compris dans les espaces de cyber-guerre afin de faire exploser ces citadelles ». Si la coupure des connexions est le fait d’une cyberattaque américaine, Pyongyang viendrait donc de perdre une manche.

Cela étant, l’accès à Internet est très limité pour les nord-Coréens. Un rapport de Reporters sans frontières (RSF) écrivait, en 2011 : « Pour quelques chanceux – qui ont obtenu une autorisation spéciale – le World Wide Web n’est qu’un intranet limité à une boîte de réception d’e-mails et quelques pages web relayant la propagande ».

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