Pékin proteste contre la livraison prochaine de 4 frégates américaines à Taïwan

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Fin novembre, le Kuomintang (KMT), le parti au pouvoir à Taïwan, a largement perdu les élections locales, ce qui a eu pour conséquence la démission du Premier ministre, Jiang Yi-huah.

Selon les observateurs de la vie politique taïwanaise, la défaire du KMT s’explique en partie par sa volonté de resserrer les liens avec Pékin. Au printemps dernier, un accord de libre-échange conclu avec la Chine avait donné lieu à des manifestations d’étudiants, ces derniers ayant occupé pendant trois semaines le Parlement de l’île.

À Pékin, où Taïwan est considéré comme un territoire « rebelle », l’on a commenté le résultat de ces élections en appelant à la « poursuite des efforts pour établir des relations pacifiques ». Mais, une semaine plus tard, le général Liu Jingsong a tenu des propos plus musclés dans les colonnes du journal d’État Global Times.

« La question taïwanaise ne restera pas longtemps sans solution », a-t-il dit. « Nous ne renoncerons absolument pas à l’usage de la force, et pour ce qui est du recours légitime à des moyens militaires quand c’est nécessaire, cela reste une option », a encore ajouté cet ancien chef de l’influent Institut chinois des sciences militaires. « Cette situation embarrassante ne peut pas se poursuivre », a-t-il insisté.

Aussi, quand il est question du transfert à la marine taïwanaise de frégates américaines de la classe Perry, la diplomatie chinoise voit rouge.

Le Congrès américain vient en effet d’autoriser la vente des frégates Curts and McClusky au Mexique et celles des navires USS Taylor (FFG-50, connu pour s’être échoué à l’entrée d’un port turc cette année), USS Gary (FFG-51), USS Carr (FFG-52) et USS Elrod (FFG-55)à Taïwan. Cela faisait deux ans que ce « Naval Transfer Act » était sur la table.

La conception des frégates de la classe Oliver Hazard Perry remonte à la fin des années 1970. Ces navires, mis en oeuvre par des équipages de 176 marins, sont armées de missiles surface-air RIM-66 Standard et anti-navires AGM-84 Harpoon, d’un système Phalanx CIWS, de torpilles Mark 45 et 50 et d’un canon de 76 mm. Ils peuvent accueillir à leur bord 2 hélicoptères. Les bâtiments progressivement retirés du service par l’US Navy depuis 2000 sont cédés, pour la plupart, à des marines de pays alliés des États-Unis.

Bien que ces navires ne soient pas les plus modernes, ce projet d’en céder 4 à Taipei a suscité l’opposition vigoureuse de Pékin, comme c’est d’ailleurs toujours le cas quand Taïwan passe commande auprès des États-Unis (ou d’autres pays…) pour équiper ses forces armées.

« La Chine est profondément mécontente, et s’y oppose avec fermeté. Nous avons transmis nos protestations solennelles aux Etats-Unis, à la fois à Pékin et à Washington, et nous nous réservons le droit d’entreprendre des actions supplémentaires », a ainsi réagi Qin Gang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« La question de Taïwan relève des intérêts fondamentaux de la Chine. Il s’agit du problème le plus sensible au sein des relations sino-américaines », a ajouté Qin Gang, lors d’un point presse. Et la vente de ces frégates à Taïwan « interfère dans les affaires intérieures de la Chine, sape la souveraineté chinoise et ses intérêts sécuritaires », a-t-il encore fait valoir.

« Nous demandons aux Etats-Unis (…) d’interrompre leurs échanges officiels et militaires avec Taïwan, de cesser leurs ventes d’armes, et d’adopter un comportement plus à même de favoriser les relations bilatérales » sino-américaines, a insisté le porte-parole de la diplomatie chinoise.

Côté taïwanais, l’on se félicite de la décision de Washington. Et le ministère de la Défense n’a pas manqué de faire part de « sa sincère gratitude pour le gouvernement américain et le Congrès » et précisé que le budget nécessaire à l’acquistion des 4 frégates serait débloqué « l’an prochain ».

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