Le nombre de ressortissants français en lien avec les filières terroristes en Syrie et en Irak a doublé depuis le début de l’année

Au début du mois, l’Assemblée nationale a discuté d’une proposition de loi déposée par l’UMP visant à déchoir de la nationalité française les binationaux et, comme le droit international interdit le statut d’apatride, de rétablir une peine d’indignité nationale entraînant la déchéance des droits civiques, civils et politiques pour celles et ceux ayant pris les armes contre la France. La dernière proposition n’était pas une nouveauté : le général de Gaulle prit en effet une telle disposition au lendemain de la Libération à l’égard de celles et ceux qui collaborèrent activement avec l’occupant allemand.

Finalement, cette proposition de loi n’a pas été adoptée… Les débats n’ayant pas été à la hauteur des enjeux… Pour autant, si elles devaient être appliquées, ces sanctions seraient elles assez dissuasives afin de mettre un coup d’arrêt à la tendance dont le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fait état lors du Conseil des ministres de ce 17 décembre?

« Au 15 décembre, le nombre de ressortissants français ou résidents habituels en France en lien avec les filières terroristes en Syrie et en Irak s’établit à plus de 1.200. Il a doublé depuis le début de l’année. 83 départements français sont désormais concernés », a-t-il indiqué. Et pourtant, un plan de lutte contre les filières terroristes a été adopté en avril et il a encore été reforcé par la loi du 13 novembre 2014.

Cela étant, ces mesures ont permis de recueillir 600 alertes directes, ce qui a permis d’empêcher « plusieurs dizaines de départs » vers les zones de jihad « déjà programmés ». Mais il n’empêche : le nombre de ressortissants ou de résidents français impliqués dans les filières terroristes a quand même doublé en même pas 12 mois! Et il est fréquent que des candidat(e)s jihadistes soient arrêtés juste avant leur départ ou encore que des filières de recrutement soient démantelées, comme cela a encore été le cas en Midi-Pyrénées, il y a quelques jours.

Au total, a avancé le ministre de l’Intérieur, « la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ont procédé au démantèlement de 13 filières constituées, impliquant pour les plus importantes jusqu’à plus de 20 individus » depuis un peu plus d’un an.

En outre, la DGSI et la sous-direction anti-terroriste de la DCPJ « sont saisies par la justice de 103 dossiers relatifs aux filières syriennes, qui concernent 505 individus. 180 interpellations ont abouti à la mise en examen de 118 personnes. 82 d’entre elles ont été écrouées et 36 sont assujetties à un contrôle judiciaire ».

Et, depuis août 2013, ce sont 5 projets d’attentats ont été mis en échec par la DGSI, qui mis la main sur des « individus de retour en France ou qui n’avaient pas quitté le territoire national ».

Quant au profil des jihadistes, Bernard Cazeneuve a souligné le fait qu’ils sont « très divers ». Cela étant, 30% sont des femmes, mineures ou majeures et près de 25% sont des « personnes récemment convertis ». Dans la plupart des cas, a expliqué le ministre, « leur implication est associée  à des phénomènes de rupture, scolaire, familiale, sociale ou psychologique, offrant un terreau favorable aux recruteurs qui ont développé sur internet une propagande massive et protéiforme ».

Dans le détail, il y aurait actuellement donc 390 ressortissants français ou résidents en France présents en Syrie et en Irak. Et il faut y ajouter les 60 qui y auraient été tués.

En outre, « 231 personnes sont en transit vers ces destinations, 185 ont regagné la France sur les 234 qui ont quitté la Syrie, les autres étant localisés dans des pays tiers ». Le ministre a précisé que le nombre de retours a augmenté de 50% depuis septembre, c’est à dire depuis le début des raids aériens contre l’État islamique et le groupe Khorasan. Et cela, « sans que les velléités de départ en soient pour autant taries », a-t-il souligné.

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