« La gestion des ressources humaines peut constituer notre vulnérabilité », prévient le chef d’état-major de l’armée de l’Air

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L’an prochain, le ministère de la Défense devra encore supprimer 7.500 postes, avec l’objectif de réduire le taux d’encadrement, c’est à dire de réduire le nombre des officiers. Et après les déflations subies au cours de ces dernières années, les marges de manoeuvres sont des plus réduites. Et cela pour les trois armées.

S’agissant de l’armée de l’Air, entre 2008 et 2014, ce sont 16.000 postes qui ont été supprimés, ce qui a eu pour conséquence la fermeture de 12 bases aériennes et de 15 unités majeures. Cette année, les effectifs du BOP Air (budget opérationnel de programme) ont encore été réduits de 5% .

« Ceci est un défi car cette réduction se fait parfois au détriment du maintien de certaines compétences et de la préparation de l’avenir. Ce qui nous attend en 2015, c’est une réduction supplémentaire de plus d’un millier de personnel, dont 200 officiers », a commenté le général Denis Mercier, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), lors de son passage devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense (le compte-rendu de l’audition vient juste d’être rendu public… plus d’un mois après…).

Aussi, de nouvelles mesures de restructurations seront appliquées l’an prochain, avec la dissolution de la base aérienne de Dijon ainsi que celle de Balard, à Paris, le déménagement de l’École de formation des fusiliers commando de l’air et du CPA 20 à Orange ou encore la fermeture de la plateforme aéronautique de Creil, les Casa CN-235 devant rejoindre Évreux.

« Après ces restructurations, il ne restera plus grand-chose à restructurer au sein de l’armée de l’Air. On demande beaucoup au personnel qui est las des réformes. Nous souhaitons une stabilisation à compter de 2018 », a déclaré le général Mercier, pour qui « la gestion des ressources humaines peut constituer notre vulnérabilité ». « Je mesure les conséquences des réductions fonctionnelles déjà engagées lors de la précédente LPM et celles à venir plus en termes de cohérence que de volume. La difficulté n’est donc pas tant la déflation que le rythme qui lui est imprimé », a-t-il avancé.

« La difficulté concerne en grande partie les officiers », a encore souligné le CEMAA. « Sur les 6.000 que compte l’armée de l’Air, 1.500 relèvent du personnel navigant, sans fonction d’encadrement », a-t-il rappelé.

« Des risques pèsent sur la population des officiers. La contrainte sur cette catégorie de personnel vise à s’aligner sur un taux d’officiers similaire à celui de la période précédant la RGPP [ndlr, Révision générale des politiques publiques]. La forte rationalisation conduite depuis, la structure de l’armée de l’air, et les priorités affichées en matière de cyber défense, de renseignement et de C2, ne permettront probablement pas de tenir les objectifs de déflation actuellement envisagés de cette catégorie de personnel », a expliqué le général Mercier.

En outre, un coup de frein a été mis sur l’avancement. « En trois ans, le nombre de nominations de généraux de brigade a été divisé par deux, le nombre de colonels a diminué de 30 %, celui de lieutenant-colonel de 20 % et pour la première fois, 30 % de l’effectif d’une promotion de l’école de l’Air ne passera jamais le grade de lieutenant-colonel », a rappelé le CEMAA. « Nous en sommes là et on nous demande encore plus d’efforts. La baisse de moral est forte chez les officiers », a-t-il ajouté.

Aussi, a-t-il insisté, « concernant le dépyramidage, la contrainte pour les officiers est trop forte, je ne suis pas en mesure de réduire le nombre des officiers que de 180 par an. Et c’est déjà trop ».

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