Échec d’une opération des forces spéciales américaines au Yémen

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Libérer des otages par la force est une opération toujours très compliquée. La tentative des forces spéciales françaises et du service action de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) pour récupérer, en janvier 2013, Denis Allex, alors prisonnier des jihadistes shebab, liés à al-Qaïda, en est un exemple. L’on peut la préparer minutieusement, prendre toutes les précautions possibles, penser à l’impensable : il y aura toujours un malheureux concours de circonstances qui fait tout rater, parfois avec des conséquences dramatiques.

Au Yémen, al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) retenait en otage Luke Somers, un photojournaliste américain de 33 ans enlevé en septembre 2013 à Sanaa. Fin novembre, les forces spéciales américaines ont tenté une première opération dans la province du Hadramout (sud-est) pour le libérer. Mais elle n’a pas donné le résultat attendu, même si 8 otages ont pu retrouver leur liberté.

« Les Etats-Unis ont récemment tenté une opération de libération de plusieurs otages, dont le citoyen américain Luke Somers, retenus au Yémen par al-Qaïda. (…) Plusieurs otages ont été libérés mais d’autres, dont M. Somers, n’étaient pas présents dans le bâtiment ciblé », a ainsi expliqué, le 4 décembre, le contre-amiral John Kirby, le porte-parole du Pentagone, confirmant des informations publiées par le New York Times.

Dans une vidéo diffusée peu après, Nasser ben Ali al-Ansi, un responsable d’AQPA, a menacé de tuer Luke Somers dans les trois jours si Washington ne répondait pas aux exigences de son organisation. Exigences qu’il n’a cependant pas précisées. Quant à l’opération américaine de novembre, il l’a qualifiée d' »insensée », alors que « les Etats-Unis poursuivent les raids de drone » contre les militants d’al-Qaïda au Yémen.

La vie de Luke Somers étant plus que jamais menacée, une nouvelle opération a été planifiée pour le sortir des griffes d’AQPA. Et cette dernière a eu lieu le 6 décembre. « Il fallait soit agir maintenant et prendre le risque. Soit laisser passer l’ultimatum (des ravisseurs), ce que personne ne voulait », a expliqué, à l’AFP, un responsable du Pentagone.

« Ils avaient dit qu’ils allaient l’exécuter dans les 72 heures mais nous pensions – nous avions de bonnes indications par le biais de différentes sources d’information que nous possédons – qu’ils avaient avancé cette échéance à ce qui aurait été samedi matin notre heure et qu’ils s’apprêtaient à le tuer plus tôt que prévu, c’est pour cela que nous avons agi aussi vite que possible », a insisté cette source.

Le commando américain a été déposé à l’aube par des V-22 Osprey (un appareil « hybride » se comportant comme un hélicoptère et un avion) à une dizaine de kilomètres de l’endroit où Luke Somers était retenu en captivité, près de la localité de Noussab, dans le sud-est du Yémen. Il a ensuite progressé sur un terrain sec et valloné jusqu’à son objectif. Mais, il a été repéré avant de parcourir les 100 derniers mètres. Des échanges de tirs ont alors eu lieu et 5 militants d’AQPA ont été tués.

Seulement, l’effet de surprise a été perdu. Et les jihadistes ont tiré sur les deux otages qu’ils détenaient : Luke Sommers et Pierre Korkie, 57 ans, un enseignant sud-africain, enlevé en mai 2013. Le commando a toutefois réussi à exfiltrer les deux hommes de l’endroit où ils étaient prisonniers. Malheureusement, l’un d’eux est décédé à bord de l’appareil qui le transportait vers le navire américain amphibie USS Makin Island. Le second a rendu dernier souffle sur la table d’opération.

À bien des égards, cette intervention des forces spéciales américaines présente beaucoup de similitudes avec le mode opératoire de celle effectuée par leurs homologues françaises en Somalie.

Pour rappel, des commandos de la Delta Force, des Navy SEALs et des hélicoptères BlackHawk modifiés du 160th Special Operations Aviation Regiment de l’US Army furent mobilisés pour libérer des otages américains retenus par l’État islamique en Syrie. Là encore, ce fut un échec, les prisonniers ayant été déplacés par leurs géôliers (qui deviendront leurs bourreaux quelques mois plus tard) peu avant l’opération.

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