BPC/Russie : M. Poutine demandera seulement le remboursement des sommes déjà payées en cas de non livraison

La vente de deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral à la Russie, pour 1,2 milliard d’euros, avait suscitait quelques réserves chez certains responsables politiques et militaires, dans la mesure où, en matière d’armements, il est toujours préférable de signer des contrats avec des pays avec lesquels il existe une relation de confiance réciproque ainsi qu’une convergence de vues sur les enjeux stratégiques.

Maintenant, avec la situation dans l’est de l’Ukraine, où Moscou soutient des séparatistes qui lui favorables, la livraison du premier BPC à la marine russe, le Vladivostok, assemblé par STX France à Saint-Nazaire, a été suspendue jusqu’à nouvel ordre par le président Hollande, c’est à dire tant que les conditions ne seront pas réunies pour livrer le navire.

Ce qu’a rappelé, le 5 décembre, sur les ondes de RMC, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. « Pour l’instant, on ne livre pas », a-t-il dit. Et d’insister : « On pourrait ne jamais livrer. Il faut que les Russes se rendent compte de cette situation ». Au passage, il n’a pas lié le sort des BPC commandés par Moscou avec de possibles contrats d’armements alléchants en Pologne.

Car là est le dilemne de Paris : livrer les BPC et s’attirer les foudres de ses alliés de l’Otan (Pologne, pays baltes, États-Unis, Allemagne, etc…) et de l’Union européenne ou ne pas les remettre à la marine russe et risquer des pénalités, en plus d’une demande – légitime – de remboursement de Moscou.

Suite aux propos de M. Le Drian, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est emporté, lors d’une conférence de presse donnée à Bâle, en marge d’une réunion de l’OSCE. « J’en ai marre de cette question », a-t-il lancé. « C’est un problème de réputation pour la France. Ils doivent remplir toutes leurs obligations selon le contrat », a-t-il ajouté.

Seulement, la veille, des propos tenus par Dmitri Rogozine, le vice-Premier ministre russe, et relayés par Ria Novosti, sont passés inaperçu. « J’étais toujours hostile à la signature de ce contrat et je l’ai toujours considéré comme une affaire personnelle de monsieur Serdioukov », a-t-il dit au sujet des deux BPC.

« Si vous avez besoin de quelque chose pour assurer votre sécurité, il faut plutôt acheter des technologies pour construire ce que vous voulez à l’intérieur de votre pays. La situation avec les Mistral témoigne du caractère néfaste que revête l’indépendance technologique envers un autre Etat », a-t-il encore ajouté. L’an passé, M. Rogozine avait déjà critiqué, non sans ironie, le contrat des BPC.

Quoi qu’il en soit, l’on aurait pu penser que le dossier allait être évoqué lors de la rencontre surprise entre François Hollande et Vladimir Poutine, le 5 décembre, à Moscou. Il n’en a rien été. « Chacun connaît la réponse de l’autre », a commenté le président français, rapporte le quotidien Le Monde.

Toutefois, M. Poutine en a parlé lors d’une conférence de presse donnée à l’issue de son entretien avec M. Hollande. Il y a un contrat, nous partons du principe qu’il sera respecté, sinon nous espérons qu’on nous rendra l’argent que nous avons payé », a-t-il affirmé.

« Si la France rembourse la Russie, nous n’aurons pas de requêtes particulières » a promis M. Poutine, alors que les autorités russes ont affirmé, à plusieurs reprises, qu’elles exigeraient le paiement de pénalités en cas de non livraison des navires. « Nous ferons preuve de compréhension quelle que soit la manière dont la situation évoluera », a-t-il ajouté.

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