Le président Hollande en appelle à l’union pour lutter contre Boko Haram

En mai dernier, et alors que l’émotion suscitée par l’enlèvement de 219 lycéennes par le groupe jihadiste Boko Haram à Chibok (nord du Nigéria), cinq chefs d’État africain (Nigéria, Cameroun, Tchad, Niger et Bénin) annoncèrent leur intention de mieux coordonner l’action de leurs forces armées contre la menace terroriste, lors d’un sommet organisé à Paris.

Mais pour le moment, ces annonces n’ont eu que très peu d’effet sur le terrain. Depuis, Boko Haram s’inscrit dans une logique de conquête de territoire afin d’établir un califat, à l’image de ce qu’a fait l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie et en Irak. Le groupe terroriste a maintenu ses positions dans le nord du Nigéria, principalement dans l’État de Borno, où il encercle peu à peu la ville de Maiduguri, le chef-lieu de cette région. Les lycéennes enlevées en avril demeurent introuvables et les attaques, menées quasiment quotidiennement, sont de plus en plus meurtrières.

La semaine passée, deux adolescentes kamikazes ont ainsi tué au moins 45 personnes sur un marché de Maïduguri. Quelques jours plus tard, le 27 novembre un attentat contre contre la grande mosquée de Kano, a fait plus de 120 tués, l’émir de cette ville, Mohammed Sanussi II, ayant récemment appelé les Nigérians à prendre les armes contre Boko Haram.

À Maiduguri, encore, ce 1er décembre, deux bombes ont explosé sur le « monday market » de la ville. Le bilan n’est pas encore connu. Enfin, le même jour, des hommes armés ont attaqué Damaturu, la capitale de l’État de Yobé, une autre province du nord-est du Nigéria.

Quant à l’armée nigérianne, elle semble totalement dépassée par un adversaire bien équipé (parfois mieux que ses troupes). Et cela lui vaut de sévères critiques, dont une émise le 25 novembre dernier par le sultan de Sokoto, Muhammad Sa’ad Abubakar, plus haute autorité musulmane au Nigéria.

Ainsi, ce dernier a affirmé, dans un communiqué, que « les soldats prennent leurs jambes à leur cou et abandonnent leur base, leurs armes, leurs munitions et tout leur équipement militaire à l’approche des insurgés. Les forces de l’armée nigériane ne refont surface qu’après la fin des attaques meurtrières, et terrorisent davantage des populations déjà terrorisées, en installant des barrages routiers et en fouillant les maisons ».

Seulement, les actions de Boko Haram dépassent les frontières. Ainsi, le Niger est en première ligne dans la mesure où il doit faire face à un afflux de réfugiés… et à la crainte d’infiltrations jihadistes. Mais c’est au Cameroun que la situation peut paraître plus préoccupante étant donné que les autorités de ce pays n’ont pris que très récemment la mesure du phénomène.

En effet, pendant longtemps, l’extrême nord du Cameroun a servi de base arrière à Boko Haram. Selon les responsables locaux, l’organisation jihadiste y aurait recruté environ 3.000 jeunes, essentiellement contre de l’argent. La zone lui aussi servi de zone de transit et de caches d’armes. Depuis ces derniers mois, le gouvernement camerounais a décidé de prendre les choses en main, notamment avec un renforcement conséquent des effectifs militaires (Bataillon d’intervention rapide et Batailleon blindé de reconnaissance). Et, du coup, les accrochages avec les terroristes deviennent plus fréquents.

« Aux confins septentrionaux de son territoire, dans cette langue de terre qui lui donne accès au lac Tchad, le Cameroun fait face à une menace sans visage (…). Une menace omniprésente, qui a causé la mort de 33 de ses soldats ces six derniers mois (chiffre officiel) et d’un nombre bien plus important (quoique non documenté) de civils. Une menace qui prend la forme d’une guerre bâtarde, tantôt asymétrique, tantôt conventionnelle – mais toujours extrêmement violente », écrit ainsi Jeune Afrique.

Voilà la situation depuis les déclarations d’intention du mois de mai… La création d’une force commune aux 4 pays de la commission du Lac Tchad (plus le Bénin), avec 2.800 hommes a pourtant été annoncée en octobre, avec un déploiement prévu pour ces dernières semaines. Mais, rien n’a bougé. Et le Cameroun reproche même la passivité du Nigéria.

Pour le président nigérien, Mahamadou Issoufou, il faut une « ripose intertanationale face à Boko Haram » et aux autres menaces jihadistes en Afrique. Même chose pour son holomogue camerounais, Paul Biya. Il s’agit d’éviter que la région du Lac Tchad soit déstabilisée… Et pour le moment, force est de constater que la réponse n’est pas à la hauteur des enjeux.

À Dakar, le président Hollande a une nouvelle fos appelé les dirigeants africains à s’unir contre « la barbarie », lors du XVe sommet de la Francophonie. « Au Nigeria, un attentat a fait plus de 120 morts à la sortie d’une mosquée à Kano vendredi, voilà ce qu’est capable de faire une secte comme Boko Haram. Voilà pourquoi nous devons encore ensemble lutter, lutter toujours contre le terrorisme » a-t-il déclaré.

Visiblement, la France aura donc un rôle à jouer… « Cet attentat [celui de Kano, ndlr], montre que sur le terrain sécuritaire, nous devons nous unir contre la barbarie, contre les risques présentés par le fondamentalisme, notamment au Sahel, en Afrique », a poursuivi le président français.

« Au Mali, nous avons montré que nous pouvions vaincre le terrorisme, le fondamentalisme, la barbarie (…). Nous avons montré que nous pouvions lutter pour que la réconciliation vienne »,  a ajouté M. Hollande, en rappelant l’opération Serval lancée en janvier 2013 contre les groupes jihadistes. « Nous avons aussi montré que la France pouvait être au service de la sécurité de l’Afrique, a-t-il encore affirmé.

Ce n’est pas la première fois que le président Hollande évoque un possible rôle des forces françaises dans le combat contre Boko Haram. En mai, justement, lors du sommet ayant réuni les 5 chefs d’État africain, il avait affirmé : « Il n’est pas besoin pour la France de déployer des unités militaires, elles sont présentes dans la région ».

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