Le feuilleton des Mistral russes n’aura pas de conséquence sur la vente de 126 Rafale à l’Inde

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L’idée selon laquelle le report, jusqu’à nouvel ordre, de la livraison du Vladivostok, le premier des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) commandés par la Russie risque d’influencer l’Inde dans sa décision d’acquérir 126 avions Rafale (contrat MMRCA, Medium Multi-Role Combat Aircraft) se répand depuis quelques mois sur certains blogs et sites de médias « alternatifs ».

L’argument avancé est que la non livraison des Mistral porterait atteinte à la signature de la France. En clair, cette dernière ne serait plus « fiable » en matière de vente d’armements, au grand bénéfice de ses concurrents, dont les États-Unis. Curieusement, certains de ceux qui défendent cette thèse oublient que la Russie pourrait aussi en profiter, étant donné qu’elle se hisse au 2e rang des exportateurs d’armes.

En outre, plusieurs responsables russes n’ont pas ménagé leurs critiques au sujet du choix de New Dehli en faveur du Rafale, en faisant valoir que les forces aériennes indiennes n’ont pas besoin de cet avion étant donné qu’elles disposeront de l’appareil furtif T-50 ou PAK FA.

Quoi qu’il en soit, l’argument de la perte de la crédibilité de la France suite à l’affaire des Mistral russes est repris par plusieurs responsables politiques. Par exemple, pour Aymeric Chauprade, élu député européen en juin et membre du Front national, la décision de suspendre la livraison du Vladivostok « met inutilement en danger des projets sensibles (126 Rafale en Inde; 24 Rafale en Egypte) ».

Pour savoir ce qu’il en est, il faut voir ce qu’il se dit en Inde, où le Rafale a été retenu en janvier 2012, à l’issue d’un appel d’offres au cours duquel il avait surclassé l’Eurofighter Typhoon en phase finale, après avoir écarté ses concurrents russes et américains.

Le quotidien Times of India, généralement très bien informé, indique ainsi que les négociations entre Dassault Aviation et les autorités indiennes sont finalisées à 90%. Un grand pas a été fait ces derniers mois avec l’accord sur les transferts de technologie et l’architecture industrielle devant permettre à Hindustan Aeronautics Limited (HAL) d’assembler 108 Rafale localement.

D’après le journal, le dernier point de blocage qui reste à régler serait la réticence de Dassault Aviation à engager sa responsabilité pour les avions produits par HAL, notamment au niveau du calendrier des livraisons. « On entre dans le détail, c’est ça la question », a déclaré, le 5 novembre Éric Trappier, le Pdg de l’avionneur français, lequel espère la signature du contrat définitif (15 à 20 milliards de dollars) d’ici mars 2015, soit avant la fin de l’année fiscale en Inde.

Cela étant, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, devrait évoquer cette question lors de son déplacement à New Delhi, prévu la semaine prochaine.

En outre, Times of India est catégorique : pour les responsables indiens du ministère de la Défense,  il ne peut y avoir aucun retour en arrière dans le contrat MMRCA, « identifié comme priorité des priorités » par le gouvernement Modi.

Et pour cause : les forces aériennes indiennes ne peuvent mettre en eouvre que seulement 34 escadrons de chasse alors qu’elles devraient en compter au moins 44. En outre, et pour ne rien arranger, elles connaissent un taux d’attrition élevé. Selon le nouveau ministre indien de la Défense, Manohar Parrikar, elles ont perdu 30 appareils au cours des 3 dernières années, avec des problèmes récurrents sur certaines flottes, comme celle des SU-30 MKI. Enfin, l’avion de combat HAL Tejas, développé localement, n’est pas en mesure de remplir les missions définies dans le cadre de l’appel d’offres MMRCA.

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