Les grandes manoeuvres avec des chars lourds vont revenir à la mode au sein de l’Otan

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Il faut se méfier des déclarations péremptoires, du style « je prépare les guerres de demain et pas celles d’hier », comme on a pu en entendre avant ou après la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2008. L’on se souvient ainsi des propos d’Hervé Morin, alors ministre de la Défense, critiquant la pertinence du char Leclerc, issu d’un programme « construit et pensé en pleine Guerre froide » et qui « n’est pas forcément l’équipement que nos armées doivent avoir en priorité ».

Cela dit, il n’était pas le seul à penser de la sorte. Plusieurs pays européens ont allégrement réduit le nombre de leurs chars lourds en dotation au sein de leurs forces armées, quand ils ne les ont pas, purement et simplement, retirés du service, à l’image de ce qu’a fait la Belgique ou l’Autriche.

Il est vrai que maintenir en service des chars comme le Leclerc coûte cher. En 2011, un sénateur avait d’ailleurs soulevé cette question, en s’interrogeant sur son maintien au sein des forces françaises.

« Les chars de combat sont nécessaires dès qu’il s’agit de conduire des opérations militaires offensives ou chaque fois que l’usage de la force est déterminant », avait répondu le général Ract-Madoux, alors chef d’état-major de l’armée de Terre. « La France possède des chars modernes. C’est un capital qu’il faut aujourd’hui préserver en cas de besoin urgent car nous avons mis suffisamment de temps pour les acquérir et les financer. Cette capacité est pleine de maturité », avait-il ajouté.

À vrai dire, les chars de combat n’ont jamais été passés de mode. Même en Afghanistan, ils ont eu leur utilité : les forces canadiennes y avaient par exemple déployé des Leopard 2, où ils y découragèrent « les attaques des insurgès » et fournirent « une capacité de tir direct afin de détruire les obstables protégeants les combattants ennemis ».

Cependant, il est vrai aussi que les forces françaises n’ont plus engagé leurs chars Leclerc sur un théâtre extérieur depuis le Liban… Et que leurs homologues britanniques ont remisé leurs Challenger 2 depuis l’intervention en Irak de 2003. Seulement, les événements en Ukraine et les inquiétudes qu’ils provoquent en Pologne et dans les pays Baltes, sont en train de changer la donne.

Ainsi, à l’occasion de l’exercice Black Eagle, organisé en Pologne, la British Army a engagé 20 chars Challenger 2 (mis en oeuvre par le King’s Royal Hussars) et des véhicules blindés Warrior, initialement stockés en Allemagne depuis la fin de leur engagement en Irak. Quant aux forces polonaises, elles ont déployé, au cours de ces manoeuvres, 56 chars Leopard 2. Et cela a fait dire au ministère britannique de la Défense (MoD) qu’il s’est agi du « plus grand déploiement de blindés en Europe de l’Est depuis 6 ans ».

La participation de la British Army à cet exercice a fait partie des mesures de réassurance de l’Otan au profit de la Pologne et des États baltes, où la Royal Air Force a envoyé des avions de combat Eurofighter Typhoon.

« L’exercice Black Eagle est un grand succès pour plusieurs points. Il a prouvé que la British Army a l’agilité nécessaire pour faire face aux exigences du 21ème siècle », a commenté Michael Fallon, le ministre britannique de la Défense. « Il démontre clairement la force de notre relation avec les forces armées polonaises. Et c’est un signal clair à nos alliés de l’Otan que nous répondons à nos obligations et que nous continuerons de le faire », a-t-il ajouté.

Ce type de manoeuvres va être à la mode en 2015 : le chef d’état-major britannique, le général Sir Nick Carter, ayant annoncé que le Royaume-Uni allait « envoyer plusieurs groupes de combat blindés » en Pologne dans les mois qui viennent pour des exercices. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a indiqué que la France y déploiera une unités de « blindés ».

Photo : Warrior britanniques (c) MoD

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