La Russie et l’Abkhazie signent un partenariat stratégique

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République autonome géorgienne, l’Abkhazie a profité de l’intervention russe en Géorgie, en août 2008, pour prendre ses distances avec Tbilissi. Dépuis, l’indépendance de cette région, dont les autorités sont ouvertement pro-russes, quoiqu’à des degrés divers, a été seulement reconnue par la Russie, le Venezuela, le Nicaragua et les Tuvalu.

Disposant d’une façade sur la Mer noire, l’Abkhazie a toujours suscité l’intérêt de Moscou, qui, en 2004, avait affiché une préférence pour un certain Raoul Khadjimba, un ancien du KGB, lors de l’élection présidentielle organisée cette année là. Finalement, ce dernier fut battu par Sergueï Bagapch, puis, au scrutin tenu après la mort de ce dernier, par Alexandre Ankvab. Mais, visiblement, ce dernier devait déranger puisqu’il fut la cible d’un attentat manqué en 2012 (le 6e depuis 2005).

Quoi qu’il en soit, M. Ankvab ne resta pas longtemps au pouvoir puisqu’il fut poussé vers la sortie en mai dernier, suite à coup de force de manifestants dénonçant une « intégration insuffisante avec la Russie ». Et Raoul Khadjimba le remplaça avant d’être confirmé dans ses nouvelles fonctions par une élection présidentielle anticipée organisée en août et dont les résultats furent immédiatement reconnue par Moscou.

Visiblement, la victoire de M. Khadjimba a permis au Kremlin d’avancer ses pions dans la région. En effet, la Russie et l’Abkhazie ont signé, le 24 novembre, à Sotchi, un accord d’alliance et de partenariat stratégique, lequel prévoit une coopération plus étroite dans différents domaines (économie, social, politique extérieure, défense). Il est ainsi question de créer un espace de défense et de sécurité commun et le versement, par Moscou, de 268 millions d’euros à Soukhoumi, déjà sous perfusion financière russe.

« Il s’agit d’assurer l’existence de l’Abkhazie (…) et créer des conditions pour poursuivre le développement des liens socio-économiques entre ce petit territoire du Caucase où vivent quelque 240.000 personnes et la Russie », a expliqué Vladimir Poutine, le président russe.

Pour le président abkhaze, il s’agit un « événement historique ». « Notre peuple a fait il y a longtemps son choix historique en faveur du renforcement d’une coopération d’égal à égal et de l’alliance avec la Russie », a-t-il déclaré.

Bien évidemment, cette annonce n’a pas été bien accueillie à Tbilissi, où l’on dénonce « un pas vers l’annexion de faction de la région d’Abkazie par la Fédération de Russie ». Et le ministre géorgien des Affaires étrangères, Mme Tamar Beroutchachvili, a fait savoir que le gouvernement auquel elle appartient « condamne cet acte illégal ».

L’Union européenne et l’Otan ont aussi dénoncé cet accord conclu entre Moscou et Soukhoumi. Il « compromet les efforts en cours pour stabiliser la situation sécuritaire dans la région », a fait valoir Federica Mogherini, Haut représentant de l’Union pour les

Affaires étrangères et la Politique de sécurité. « Ceci viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie, contredit les principes du droit international et les engagements internationaux de la Russie », a-t-elle ajouté, par voie de communiqué, en soulignant qu’il n’était pas conforme à l’accord signé par Moscou visant à mettre un terme au conflit avec Tbilissi.

« Nous ne reconnaissons pas ce soi-disant traité qui ne contribue pas à trouver une solution pacifique et durable au conflit », a, de son côté, commenté un porte-parole de Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. « Nous continuons d’appeler la Russie à revenir sur sa reconnaissance des régions géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie comme Etats indépendants et à retirer ses troupes de Géorgie », a-t-il ajouté.

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