Un aéroport de Tripoli visé par des raids aériens

libye-20140715

La situation est plus que jamais confuse en Libye, qui compte deux gouvernements et autant de Parlements. Sans oublier le sud du pays, devenu un « hub » pour les terroristes de la bande sahélo-saharienne et l’est (Cyrénaïque), gangrené par les jihadistes, voire même par l’État islamique, auquel la ville de Derna a prêté allégeance.

À Tripoli, les milices islamistes de Fajr Libya soutiennent un gouvernement et un Parlement – le Congrès général national, CGN – non reconnus par la communauté internationale. La capitale libyenne a été l’enjeu de violents combats l’été dernier, lesquels ont chassé les brigades de Zenten, qui, proches des milieux libéraux, tenaient alors l’aéroport international et des emprises militaires dans la région.

Le second Parlement – Chambre des représentants, CdR -, appuyé par la communauté internationale, est issu des élections organisées le 25 juin dernier. Installé à Tobrouk et dominé par les libéraux, il soutient le gouvernement d’Abdallah Al-Thini, qui a pris ses quartiers à al-Baïda.

Seulement, le 6 novembre dernier, la Cour suprême libyenne, implantée à Tripoli (et donc avec les pressions que cela suppose), a invalidé la CdR, laissant ainsi le champ libre aux islamistes… Et ajoutant encore plus de confusion.

C’est dans ce contexte qu’un premier raid aérien a visé, le 24 novembre, la piste de l’aérodrome militaire de Mitiga, près de la capital libyenne. Contrôlée par les miliciens de Fajr Libya, cette plateforme a été ouverte au trafic civil après la fermeture de l’aéroport international de Tripoli, endommagé par les combats de l’été.

Selon les témoins, un avion de combat a tiré deux missiles sur la piste de Mitiga en volant à basse altitude. Le type de l’appareil n’a pas été précisé. Cette action rappelle celles qui furent menées en août : des chasseurs bombardiers inconnus avaient alors mené plusieurs raids contre les positions tenus par Fajr Libya à Tripoli. L’Égypte et les Émirats arabes unis furent soupçonnés d’en être à l’origine mais aucun de ces deux pays n’ont, jusqu’à présent, admis leur responsabilité.

À l’époque, ces raids furent revendiqués par l’ex-général Khalifa Haftar, lequel a lancé l’opération Dignité en mai pour chasser les jihadistes de Benghazi.

Ce dernier dispose en effet de moyens aériens – plusieurs unités de l’armée régulière ont rallié ses troupes – mais ils restent insuffisants pour mener de telles frappes, à moins d’avoir bénéficié de quelques renforts fournis par on-ne-sait-qui. Le porte-parole du général Haftar avait évoqué, en août, la remise en état de vol de Sukhoï Su-24 Fencer. Ces avions n’avaient pas été vus en vol depuis 2011.

Et l’on assiste au même scénario pour l’attaque du 24 novembre. « Ce sont nos forces aériennes qui ont mené le raid contre la base de Mitiga où se retranchent les groupes terroristes », a affirmé le général Sagr al-Jerouchi, le chef des forces aériennes du général Haftar.

Visiblement, Mitiga est un objectif majeur puisque l’installation a été visée par un second raid, ce 25 novembre. « Nous avons entendu le vrombissement d’un avion puis des explosions dans le périmètre à l’aéroport », ont affirmé des témoins. Mais là encore, aucun n’a été en mesure de préciser le type de l’appareil concerné.

Quoi qu’il en soit, ces raids ont été réalisés au lendemain de la prise, après plus d’un mois de combats meurtriers, de la ville de Kekla (ouest) par les milices de Zenten, soutenues par les forces du général Haftar. Et quelques jours après deux attentats perpétrés contre les ambassades d’Égypte et des Émirats arabes unis à Tripoli.

En réaction au premier raid et à la perte de Kekla par son camp, le chef du gouvernement parallèle installé à Tripoli, Omar al-Hassi a promis une réponse. « Ce qui s’est passé va faire de notre politique une politique de guerre », a-t-il dit. « Et nous vaincrons », a-t-il assuré.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]