M. Le Drian pointe les « menaces de la force »

Depuis janvier 2013, rares sont ses discours dans lesquels de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, n’évoque pas le Mali et, plus généralement, la bande sahélo-saharienne (BSS) et la lutte contre le terrorisme. Mais, le 20 novembre, étant donné que le colloque où il devait s’exprimer portait sur la dissuasion nucléaire, il a centré son propos sur les « menaces de la « force ».

Le ministre a ainsi dénoncé les actions de « certains États », lesquelles justifient, selon lui, le maintien d’une dissuasion nucléaire crédible. Bien évidemment, diplomatie oblige, M. Le Drian s’est bien gardé de nommer ces pays. Mais cela n’était pas forcément utile….

« Force est (…) de constater que certains États n’hésitent pas à déployer une politique de puissance militaire au mépris des normes internationales et des engagements pris, jusqu’au mépris des frontières. Le raidissement des postures et les démonstrations de force, les actions d’intimidation impliquant parfois le recours à des moyens stratégiques, l’émergence d’un positionnement offensif dans le domaine naval, sont également significatifs », a affirmé le ministre. Si l’on regarde l’actualité de ces derniers mois, les pays concernés par cette description ne sont pas nombreux…

Plus loin, M. Le Drian poursuit : « La crise ukrainienne est venue nous rappeler que l’emploi de la force armée, et pas seulement sa menace d’emploi, peut devenir à tout moment une réalité. Cette situation touche aujourd’hui un pays frontalier de l’Union européenne et de l’Otan. Ce ‘retour’ à une réalité que d’aucuns pensaient révolue doit nous conduire, nous Français, mais aussi nous Européens, à actualiser notre approche des questions de sécurité en Europe ». On ne peut pas être plus clair même si le ministre n’a pas désigné explicitement la Russie. « La France est, et restera fidèle à ses engagements au titre de l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord », a-t-il souligné au passage.

Mais il n’y a pas qu’en Europe où il existe une « menace de la force ». La région Asie-Pacifique est également concernée, avec plusieurs pays qui possèdent l’arme nucléaire, à savoir la Chine, le Pakistan et l’Inde, ou qui cherchent à l’obtenir, à l’instar de la Corée du Nord. Le tout sur fonds de disputes territoriales (îles Senkaku, Spratleys et Paracels, Cachemire)

« Plus à l’est encore, en Asie, les tensions régionales se traduisent par une rivalité nucléaire et balistique qui s’est exacerbée entre plusieurs pays », a constaté M. Le Drian. « La crise de prolifération en Corée du Nord pèse sur la stabilité de la péninsule. Plus largement, sur l’ensemble du continent asiatique, on relève une augmentation régulière des arsenaux nucléaires, une volonté de diversification des vecteurs, qu’ils soient terrestres, aériens ou sous-marins, dans un contexte général de tensions et de conflits territoriaux anciens et non résolus », a-t-il poursuivi.

Aussi, a ajouté le ministre, « l’équilibre stratégique de ce continent porteur de tant d’espoirs est donc fragile. Et la logique de concurrence, voire de rapport de forces, avec les Etats-Unis n’est jamais loin chez certains ». Pour le coup, la Chine devrait se sentir visée par ces propos…

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