L’ASN4G sera le futur missile des forces aériennes stratégiques

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Au vu de l’évolution du contexte international, la dissuasion nucléaire est « plus que jamais pertinente » pour Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Et d’ajouter que ceux qui « entendent » la « délégitimer fondamentalement la dissuasion nucléaire se trompent de combat ».

« Nous devons éviter que l’appel généreux à un monde ‘sans armes nucléaires’ ne prépare un monde où seuls les dictateurs en disposeraient », a fait valoir le ministre, lors d’un colloque organisé le 20 novembre à l’École militaire, à l’occasion du 50e anniversaire des Forces aériennes stratégiques (FAS). « La France est à l’avant-garde d’une politique résolue de maîtrise des armements et de lutte contre la prolifération, dans le cadre du droit international. C’est sur ce terrain-là qu’elle entend concrètement progresser pour éviter que de nouvelles courses aux armements ne s’enclenchent », a-t-il ajouté.

Cela étant, et pour que les forces stratégiques françaises restent crédibles, il est nécessaire de les moderniser. Et, alors que quelques voix se font entendre pour demander la suppresion de la composante aéroportée de la dissuasion afin de dégager des économies (ce qui reste à voir…), M. Le Drian l’a vigoureusement défendue en reprenant des arguments qui ont déjà été développés dans ces colonnes.

Elle « offre à l’autorité politique un large choix d’options stratégiques et militaires, avec un éventail de modes d’action qui confère une véritable souplesse à l’ensemble du dispositif. Notamment, elle contribue fortement, sur décision du Président de la République, à l’exercice d’effets stratégiques ciblés, ou à une frappe d’avertissement ultime’, a expliqué le ministre.

« Elle représente aussi, a-t-il poursuivi, une capacité ‘visible’, qui ouvre, en cas de nécessité, un espace pour une manoeuvre politico-diplomatique, (…) génère pour l’adversaire potentiel une contrainte supplémentaire pour ses défenses, grâce à la diversité des modes de pénétration de nos armes, balistiques ou aérobies, aéronefs ou sous-marins » et « par la redondance qui en résulte, elle met nos forces nucléaires à l’abri d’une percée technologique imprévue dans tel ou tel domaine ». Enfin, « son coût est modéré, au regard des enjeux de souveraineté », avec « environ 5 % du budget de la dissuasion dans les dix prochaines années », a-t-il ajouté.

Comme l’a annoncé M. Le Drian, l’avenir des FAS passera par le renouvellement des avions-ravitailleurs C-135FR par 12 A-330 Phénix. Au passage, ces appareils ne sont pas uniquement destinés à mener des vols liés à la dissuasion nucléaire. Si il lui sont indispensables, il n’en reste en effet pas moins qu’ils participent aussi à des missions conventionnelles. Mais ce n’est pas tout.

Au printemps dernier, le général Denis Mercier, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), avait indiqué, lors d’une audition sur la dissuasion nucléaire, à l’Assemblée nationale, que des travaux visant à développer le successeur du missile ASMP-A (Air-Sol Moyenne Portée – Amélioré) était en cours. Dans son allocution, le ministre en a dit un tout petit peu plus.

Il « a été lancé dirant l’été dernier le stade de l’élaboration du missile ASMP-A rénové. Celui-ci dotera la composante (aéroportée) d’un missile aérobie capable de pénétrer toutes les défenses futures jusqu’à l’horizon 2035 », a-t-il commencé par dire sur ce sujet. « Enfin, les études portant sur le successeur du missile ASMPA, baptisé ASN4G, ont déjà débuté », a confirmé M. Le Drian. Reste à savoir ce que signifie l’acronyme ASN4G…

« Des conceptions audacieuses, ayant recours par exemple aux technologies de la furtivité ou de l’hyper-vélocité, à la pointe des développements de la technologie, seront explorées », a encore affirmé le ministre, pour qui « ces projets sont doublement nécessaires parce que la dissuasion n’a de sens que si elle peut en permanence surmonter les stratégies d’interdiction que nos adversaires pourraient vouloir mettre en oeuvre » et aussi parce que, sur le plan industriel « la dissuasion exerce un effet d’entraînement sur l’ensemble de nos capacités industrielles et technologiques ».

« Le choix du futur système d’armes, composé du missile ASN4G et d’un porteur encore à définir, représente donc un enjeu majeur pour les Armées. J’ai toute confiance dans le général Denis Mercier et le Délégué général pour l’armement Laurent Collet Billon, pour orienter et éclairer ce dossier, qui est intimement lié au futur format de l’Armée de l’Air », a encore expliqué M. Le Drian.

Cependant, le général Mercier a déjà donné son opinion sur la technologie à privilégier. « La maîtrise de l’hypervélocité apparaît d’ores et déjà comme une donnée centrale. J’observe à cet égard qu’aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Inde – autant de pays où la question de la modernisation de leur composante nucléaire aéroportée ne se pose même pas – des programmes expérimentaux de véhicules hypervéloces sont conduits. J’imagine avec peine que la France, pays qui jouit d’une avance incontestable en matière de statoréacteur, reste en marge de ces développements », avait-il expliqué en avril.

Ainsi, le programme ASN4G devrait aboutir à une vraie rupture technologique à l’horizon 2035, dans la mesure où il y a un gros travail de recherche à mener sur la résistances des matériaux et les populseurs. Nul doute que ces derniers intéresseront les industriels pour d’éventuelles applications civiles dans le transport aérien, par exemple.

Par ailleurs, toujours à l’horizon 2035, les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe « Le Triomphant » commenceront progressivement à être remplacés par le SNLE de 3e génération. En attendant, M. Le Drian a confirmé que le missile balistique M51.2, doté dla nouvelle tête nucléaire océanique (TNO) sera déployé à partir de 2016 (sur Le Triomphant) et que les travaux portant sur le M51.3 ont été engagés depuis juillet.

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