L’Otan dit constater des mouvements de troupes russes à la frontière russo-ukrainienne

Lors du dernier sommet du G20, organisé à Brisbane, le président russe, Vladimir Poutine, ne s’est pas attardé puisqu’il en est parti bien avant la fin… Et pour cause : sur fond de reprise des combats dans l’est de l’Ukraine (Donbass), où Moscou soutient les séparatistes, de la rumeur de l’envoi de forces stratégiques en Crimée, d’incidents répétés, notamment en mer Baltique ou encore de navires militaires russe envoyés croiser au large de l’Australie, le chef du Kremlin a reçu un accueil glacial de la part des dirigeants occidentaux.

D’habitude, le président russe, fin stratège, dit-on,  fait preuve de fermeté sur le plan international, pour ensuite faire mine de reculer sur la ligne qu’il s’est lui-même fixé, dans un mélange de la technique dite de « la porte au nez » (vous exigez l’impossible avant de demander ce que vous voulez) avec celle de la « corde raide » (ou brinkmanship), qui consiste à pousser une situation jusqu’à la limite de la ligne rouge pour obtenir des concessions de la part de l’autre partie. Cette fois, il n’en a pas eu l’occasion. Les dirigeants occidentaux ont-ils commis une erreur en lui faisant part de leurs reproches et autres griefs ainsi qu’en montrant leur intransigeance sur le dossier ukrainien?

Quoi qu’il en soit, la situation dans l’est de l’Ukraine ne s’est pas améliorée depuis. Et les accords de Minsk, conclu le 5 septembre par Kiev et les séparatistes, sont passés à la trappe. Et d’après le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, favorable à la reprise d’un dialogue avec Moscou, « la Russie continue de déstabiliser l’Ukraine », en renforçant ses troupes, notamment des unités d’artillerie, à sa frontière avec le Donbass.

« Nous voyons des mouvements de troupes, d’équipements, de tanks, d’artillerie et aussi de systèmes de défense anti-aérienne modernes », a ainsi affirmé M. Stoltenberg, ce 18 avril, avant une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance atlantique. « C’est un renforcement militaire très grave (…) à la fois en Ukraine et sur le côté russe de la frontière, et il a été constaté par l’Otan, mais aussi des sources sur place, comme des journalistes indépendants ou les observateurs internationaux de l’OSCE », a-t-il poursuivi.

« Ceci est une violation de l’accord de cessez-le-feu et nous appelons la Russie à retirer ses forces de l’est de l’Ukraine et à respecter l’accord de Minsk conclu en septembre entre belligérants, prévoyant une trêve ainsi que des pourparlers de paix », a ajouté le secrétaire général de l’Otan, pour qui Moscou a le choix : « la Russie peut soit participer à une solution de paix négociée ou elle peut continuer sur le chemin qui mènera à son isolement ».

Pour autant, pour la diplomatie allemande, qui tente une médiation dans le conflit ukranien, « les accords de Minsk ne sont pas parfaits, mais ce sont des accords de base. Il faut respecter ces accords ». Du moins, c’est ce qu’a affirmé Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, lors d’une rencontre avec le Premier ministre ukrainien. Sauf que ce dernier, Arseni Iatseniouk, a accusé Moscou de les « violer grossièrement ». Officiellement, 140 membres des forces gouvernementales ont été tués depuis le cessez-le-feu.

Cela étant, depuis l’affaire de la Crimée, où le président Poutine a fini par admettre que les hommes en armes aperçus à l’époque  étaient bel et bien des soldats russes et non des miliciens locaux comme il l’avait affirmé auparavant, les incidents entre forces russes et occidentales se multiplient. Comme au temps de la Guerre froide. Certains d’entre-eux ont été rapportés par Zone Militaire. Mais le centre de réflexions « European Leadership Network » les a comptés. Ainsi, 40 ont été constatés au cours de ces 8 derniers mois, dont des violations d’espace aérien, collisions aériennes évitées de justesse, manoeuvres d’intimidation, etc…

« Même si la confrontation militaire directe a été évitée jusqu’à présent, le mélange de la posture russe, plus agressive, avec la préparation des forces occidentales à faire preuve de détermination augmente le risque d’une escalade involontaire et le danger de perdre le contrôle sur les événements », redoute l’European Leadership Network.

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