La Russie envoie un ultimatum : la France a 2 semaines pour livrer le premier Mistral

Parfois, il faut se résoudre à ne pas accepter un nouveau client qui pourrait être une source potentielle d’ennuis, même si le chèque qu’il fait miroiter est alléchant. C’est le cas des 2 Bâtiments de projection et de commandement (BPC) commandés en 2011 par le Russie, pour 1,2 milliard d’euros.

Certes, à l’époque, il fallait assurer l’avenir du chantier naval STX France de Saint-Nazaire… Mais c’était oublier que, en matière d’armements, on traite avant tout avec des pays avec lesquels on bâtit une relation de confiance réciproque, basée sur une vision proche, sinon commune, des enjeux stratégiques et politiques.

Connaissant la position de la Russie à l’égard de l’Otan, dont la France venait de retrouver le commandement militaire intégré plus de 30 ans après l’avoir quitté, prenant en compte l’intervention militaire russe en Géorgie ou encore la suspension du traité sur Forces conventionnelles en Europe (FCE), les autorités françaises de l’époque ont donc signé un contrat. Et qui dit contrat dit engagement que l’on doit respecter…

Ce 14 novembre, d’après l’invitation envoyée par DCNS au Rosoboronexport, l’agence russe chargée de négocier la vente et l’achat de matériels militaires, le premier BPC, appelé Vladivostok, aurait dû être remis à la marine russe à Saint-Nazaire. Il ne le sera finalement pas, étant donné que, compte tenu de la situation en Ukraine, les « conditions ne sont pas remplies ». « Aucune date de livraison ne peut être fixée à ce stade », a même indiqué Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

Visiblement, les Moscou prend un malin plaisir à souffler le chaud et le froid sur ce dossier. L’agence officielle Ria Novosti rapportait, le 6 novembre, les propos d’une source de haut rang de l’industrie de défense russe. « Nous sommes prêts à prendre livraison du navire et nous allons attendre jusqu’à la fin de l’année », avait-elle dit.

Une semaine plus tard, le ton a changé, avec les déclarations faites encore à Ria Novosti par une « source haut placée à Moscou ». Qu’a-t-elle dit? « Nous nous préparons à différents scénarios d’évolution des événements. Nous attendrons jusqu’à la fin du mois avant d’émettre nos réclamations ». En clair, il reste deux semaines à la France pour se décider…

L’an passé, le contrat des BPC Mistral avait fait l’objet de vives critiques à Moscou. « Nous avons discuté de l’absurdité de cette décision. Il s’agissait d’une initiative de Serdioukov [ndlr, débarqué pour une sombre affaire de corruption]. Ce n’est pas le seul dégât qu’il a provoqué au gouvernement et à l’industrie », avait affirmé Ivan Kharchenko, le vice-président de la commission militaro-industrielle.

Quoi qu’il en soit, la livraison du Vladivostok pourrait être l’un des sujets de discussion des président Hollande et Poutine, qui doivent se rencontrer à l’occasion du sommet du G20, qui se tient à Brisbane (Australie), les 15 et 16 novembre.

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