Centrafrique : Les organisations humanitaires dénoncent toujours le niveau d’insécurité

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En octobre, le Comité international de la Croix-Rouge et son antenne centrafricaine avaient affirmé faire l’objet de pressions de la part de groupes armés. « Si ces menaces continuent, nous serons obligés d’arrêter toute activité de secours, laissant ainsi de nombreuses victimes livrées à elles-mêmes », avaient déclaré ean-François Sangsue, chef de la délégation du CICR à Bangui.

Un mois plus tard, c’est au tour de Médecins sans frontières (MSF) de dénoncer « la multiplication des actes de violences et de racket » dont sont victimes les organisations humanitaires en Centrafrique.

Dans un communiqué, l’ONG a raconté que, les 7 et 8 novembre, deux de ses camions transportant du matériel médical avaint été interceptés par un « groupe armé », qui a exigé le paiement d’une rançons pour libérer à la fois les volontaires humanitaires et les deux véhicules.

« Ces deux événements sont très graves. A chaque fois, les attaquants se sont montrés très agressifs, insultants, menaçants, pointant leurs armes sur nos personnels, tirant en l’air, etc. Ce qui s’est révélé être de réelles séquestrations s’est dans les deux cas soldé par le versement d’importantes sommes d’argent », a affirmé MSF.

« Ces événements sont bien la preuve que, malgré le discours optimiste ambiant, dispensé, notamment, par les forces internationales, la situation en RCA [République centrafricaine] est loin d’être pacifiée, a poursuivi l’ONG, selon qui « l’insécurité représente toujours une entrave majeure à la délivrance des secours dans ce pays en crise où les besoins humanitaires sont énormes ».

Pour MSF, le gouvernement centrafricain est « totalement absent et silencieux » tandis que « la MINUSCA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique] échoue à protéger les civils » et que « Sangaris et Eufor [ndlr, la force de l’Union européenne] ne parviennent pas à sécuriser le pays et les axes routiers ».

L’ONG explique également que le « nombre d’attaques et d’actes de racket  l’encontre des personnels et véhicules humanitaires » est en « nette augmentation », notamment depuis octobre. Et cela « malgré des contacts répétés avec les autorités, les forces internationales et les groupes armés en présence ».

Quelques jours plus tôt, Amnesty International n’avait pas dit autre chose, en estimant, dans un rapport, que « si l’on veut qu’elle soit un tant soit peu crédible, la mission de maintien de la paix des Nations unies doit prendre des mesures plus fermes pour véritablement protéger les civils des nombreuses violations auxquelles ils sont exposés ».

« Compte tenu des attaques menées par la Séléka, les forces anti-balaka et des combattants peuls armés dans les régions du centre de la République centrafricaine, la situation est extrêmement explosive et dangereuse. Si les mesures qui s’imposent ne sont pas prises de toute urgence, elle pourrait basculer dans une violence sans limite motivée par l’intolérance religieuse, comme ce que nous avons vu cette année dans l’ouest », avait encore fait valoir Amnesty International.

Pourtant, l’État-major des armées n’a pas fait état d’incidents particuliers au cours des 7 derniers jours dans son compte-rendu de l’opération militaire française Sangaris, lancée le 5 décembre 2013 pour désarmer les factions en présence, dont l’ex-Séléka, qui avait pris le pouvoir 9 mois plus tôt, et les milices anti-balaka. Si ce n’est des missions de reconnaissance menées le 7 novembre par le Groupement tactique interarmes (GTIA) Korrigan dans la région de Dekon, lesquelles ont permis de « limiter l’activité des coupeurs de route ».

Pour rappel, la Force Sangaris compte seulement 2.000 hommes. Elle a été récemment renforcée par le démploiement de Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI).

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