Des élus américains ont peut-être une solution pour les deux BPC commandés par la Russie

La semaine dernière, le Premier ministre, Manuel Valls, a estimé que les conditions n’étaient toujours pas réunies pour livrer à la Russie le premier des deux Bâtiments de projection et de commandement que cette dernière a commandé en 2011 pour 1,2 milliard d’euros.

D’après le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, la décision de livrer ou pas le Vladivostok, assemblé par le chantier naval STX de Saint-Nazaire, doit être prise le 14 novembre prochain, soit après une réunion de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (Cieemg).

L’avenir des deux BPC destinés à la marine russe a été remis en question en mars dernier, après l’annexion de la Crimée par la Russie. Depuis, les autorités françaises se retrouvent face à problème auquel aucune bonne solution n’est en vue. Comment, d’un côté, aider l’Ukraine, tout en fournissant du matériel militaire à Moscou de l’autre?

Livrer les navires mettrait Paris en porte-à-faux avec ces alliés de l’Otan, dont les pays baltes, la Pologne ou encore les États-Unis. Dans le cas contraire, il faudrait rembourser Moscou, qui ne manquerait alors pas de lancer une procédure d’arbitrage afin d’obtenir le paiement de pénalités. Et vu l’état des finances publiques françaises, ce n’est pas une perpective engageante.

La décision de livrer ou pas ces BPC a été reportée à plusieurs reprises depuis le printemps… Et pour cause, la position de Paris était de faire le dos rond, en attendant que les choses se calment. Seulement, si les conditions n’étaient pas réunies la semaine dernière pour remettre le Vladivostok à la marine russe, elles ne le sont pas plus actuellement, surtout après les récents développements dans l’est de l’Ukraine.

Que faire alors? Des députés américains, aussi bien républicains que démocrates, ont appelé le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, à acquérir les deux BPC destinés initialement à la Russie.

« Sensibles à la charge financière que la France aura à supporter en cas de refus, à juste titre, de transférer ces navires de guerre à la Russie, nous renouvelons notre appel pour que l’Otan achète ou loue ces navires pour constituer une force navale commune » au sein de l’Alliance, ont-ils écrit dans un courrier adressé à M. Stoltenberg.

« Un tel mouvement décisif de l’Otan (…) montrerait à Vladimir Poutine que notre détermination rhétorique est suivie par notre volonté réelle et que l’Alliance ne tolérera pas et n’encouragera pas ses actions dangereuses en Europe », ont-ils ajouté.

En septembre, l’ancien commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), l’amiral James Stavridis, avait avancé l’idée que ces deux BPC serait susceptibles d’armer une force de réaction rapide de l’Otan.

Une autre destination pour ces navires pourrait être le… Canada. Le 3 novembre dernier, le quotidien Le Monde a rappelé cette hypothèse à l’occasion de la visite du président Hollande à Ottawa.

L’intérêt de la marine canadienne pour les BPC n’est pas nouveau : il en était déjà question en janvier 2011, dans le cadre de la Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale (SNACN). En outre, le Canada doit disposer d’équipements aptes à opérer dans le Grand Nord et son Premier ministre, Stephen Harper, est favorable à une ligne dure face à Moscou.

En mai de cette année, un sénateur canadien, Hugh Segal, s’était prononcé pour une acquisition des deux BPC soit par l’Otan, soit par la marine de son pays. Seulement, ces solutions ne régleront pas la question des pénalités financières que la France aura peut-être à payer pour ne pas avoir livré les navires commandés par la Russie…

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