Quel rôle a joué la France dans l’exfiltration de l’ex-président du Burkina Faso?

Au pouvoir depuis 1987, le président du Burkina Faso, Blaise Campaoré, a été contraint à la démission après des émeutes ayant éclaté à la suite de son projet de modifier la Constitution afin de se présenter pour un autre mandat. Désormais, l’armée a pris les choses en main à Ouagadougou, avec le lieutenant-colonel Isaac Zida, finalement désigné pour diriger le pays le temps de la « transition » (si elle a lieu), en lieu et place du général Traoré, qui avait affirmé assurer l’intérim.

Étant l’une de ses anciennes colonies, le Burkina Faso n’est pas sans importance pour la France, qui y compte 3.500 ressortissants et une quarantaine d’entreprises. En outre, ce pays est un élément important dans le dispositif de l’opération militaire Barkhane, lancée le 1er août pour traquer les jihadistes à l’échelle de la bande sahélo-saharienne (BSS). Qui plus est, le président Campaoré avait joué un rôle pour le règlement de plusieurs crises régionales récentes, comme en Côte d’Ivoire ou encore au Mali, en s’impliquant  pour la reprise du dialogue entre les rebelles touareg et les autorités maliennes. Ce qui déboucha sur un accord qui permit la tenue d’élections présidentielles et législatives.

Aussi, Paris ne pouvait pas laisser Blaise Campaoré à la vindicte populaire. Ce dernier s’est donc exilé en Côte d’Ivoire. Comment y est-il arrivé? « Cette évacuation, nous ne l’avons pas faite nous-mêmes, mais nous avons fait en sorte qu’elle puisse se faire sans drame »,  a affirmé le président Hollande, le 4 novembre, depuis le Canada. Des propos pour le moins obscurs que Jeune Afrique a tenté d’éclaircir.

Ainsi, selon le mensuel, qui s’est appuyé sur des « sources diplomatiques concordantes », Blaise Campaoré a quitté le palais présidentiel le 31 octobre, « en contact avec les autorités françaises », dans un convoi de 28 véhicules, sous escorte militaire, en direction de Pô, son fief situé dans le sud du pays. Mais, en cours de route, il a été obligé de revoir ses plans.

À une cinquantaine de kilomètres de sa destination, Blaise Campaoré a été pris en charge par un hélicoptère militaire français, appartenant « probablement aux forces spéciales » pour être conduit à Fada N’Gourma, dans l’est du Burkina Faso. Là, l’ancien président burkinabé est monté à bord d’un autre avion français venu de Côte d’Ivoire pour s’envoler vers Yamoussoukro.

Quelques heures plus tard,  interrogé sur les informations de Jeune Afrique, lors d’une conférence de presse, le président Hollande est revenu sur ce. « Pour permettre la transition » au Burkina, la France a « fait en sorte que le président Compaoré puisse être évacué vers la Côte d’Ivoire » et « nous avons veillé à ce qu’il soit évacué en mettant à disposition tous les moyens qui pouvaient être utiles », a-t-il affirmé.

Ces précautions oratoires visent surtout à écarter l’idée que Paris reste le gendarme de l’Afrique. D’ailleurs, M. Hollande a insisté que sur le fait que la France n’avait pas agi seule (les chefs d’Etat dans la région » ont aussi facilité l’évacuation du « président qui n’était plus président », a-t-il dit).

Et surtout, il n’est pas question d’une quelconque ingérence dans les affaires du Burkina Faso. D’où le rappel du chef de l’État : la relation de la France avec l’Afrique est basée sur « le respect des ordres constitutionnels » avec des élections issues de la « volonté populaire ».

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