Le général de Villiers souhaite que les dissolutions d’unités à venir soient annoncées plus tôt

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En 2008, la réforme de la carte militaire avait été annoncée dans la foulée de publication, en juin de cette année-là, du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN), lequel prévoyait de réduire le format des forces armées. Cette méthode a fait l’objet de beaucoup de commentaires.

Aussi, l’actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, confronté lui aussi à une déflation d’effectifs importantes (23.500 de plus prévue par la Loi de programmation militaire 2014-2019), privilégie une autre approche.

« Au-delà d’un dispositif d’accompagnement social rénové, j’agirai donc selon ma méthode, en prenant le temps du dialogue, pour avancer point par point. Pour le dire autrement, ma méthode n’est pas celle des coupes aveugles et systématiques dans les effectifs.Sur ce sujet, je veux être très clair. Il revient au Gouvernement de faire des choix en matière de réductions d’effectifs », avait-il expliqué le 3 octobre 2013, au moment de l’annonce d’une première vague de restructurations.

La seconde a eu lieu le mois dernier. S’agissant plus particulièrement de l’armée de Terre, elle prévoit, pour 2015, la dissolution d’un certain nombre d’unités ainsi que la suppression des sections de reconnaissance des régiments d’infanterie, des escadrons d’éclairage et d’investigation de 3 formations de l’arme blindée cavalerie. Au bout du compte, l’impression est que, conformément à ce qu’avait souhaité le président Hollande, l’objectif est de fermer le moins possible de casernes, en pratiquant « l’échenillage ».

Lors de son auditon devant une commission élargie de l’Assemblée nationale, le 23 octobre, le ministre s’en est défendu. « L’échenillage n’est pas la solution – même si les annonces que j’ai faites il y a quelques jours ont pu donner l’impression que nous nous engagions dans cette voie », a-t-il dit.

« Il y a eu un plan de l’armée de l’air, qui s’appliquera entièrement. Il y a eu un plan de la marine, qui s’applique. Le plan de l’armée de terre est en cours de mise en œuvre, mais il ne reposera pas sur l’échenillage : il tirera les leçons des opérations que nous avons menées depuis une dizaine d’années, ce qui aboutira sans doute à modifier certains dispositifs », a ainsi expliqué M. Le Drian, avant de promettre d’essayer « à l’avenir, autant que faire se peut, d’annoncer les décisions plus en amont, en conservant les mêmes principes », lesquels sont « exigeants, puisqu’ils supposent une analyse fonctionnelle de l’ensemble de nos dispositifs, ce qui prend beaucoup plus de temps ».

Seulement, cette méthode ne semble pas convenir au général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA). Il s’en est ouvert devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des forces armées, lors de son audition dans le cadre des débats budgétaires pour 2015.

« S’agissant des restructurations, je ne peux continuer à travailler à l’aveugle. Notre feuille de route prévoit la suppression de 26 000 postes entre 2015 et 2019. Au-delà de 2015, il me faut de la visibilité. Les armées se réorganisent depuis la fin de la guerre d’Algérie : les garnisons qui subsistent sont passées à travers les mailles de tous les filets, mais de ce fait toute nouvelle suppression revêt une sensibilité extrême », a commencé par dire le CEMA.

« Il y a deux méthodes : faire des économies sur les plus gros postes, ou écheniller en rognant progressivement sur tous les régiments. Cette dernière hypothèse nuit à notre efficacité opérationnelle sans réduire nos coûts de soutien, je plaide donc pour la première », a-t-il fait valoir, en soulignant que, d’ailleurs, la LPM privilégiait les « les effets de structure ».

Quant aux annonces concernant les restructurations, le général de Villiers estime qu’elles ne devraient être faites au compte-gouttes. « Plus on attend, plus le personnel s’inquiète, plus la presse fait monter la pression, plus la réforme est difficile! », a-t-il plaidé. « Les gens veulent savoir, pour leur famille, leur carrière, les études de leurs enfants, leurs crédits : cela est bien normal », a-t-il estimé. Aussi, a-t-il jugé, « un préavis donné à six mois, soit pour l’été prochain, n’est pas satisfaisant ». Et d’ajouter :  » Notre tradition républicaine exige un délai d’un an : c’est une bonne tradition, je souhaite qu’on y revienne ».

« La réforme précédente avait donné lieu à l’annonce de grosses restructurations en juillet 2008 : terminons-les, et annonçons les prochaines à la fin de l’année », a encore insisté le général de Villiers.

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