Les dysfonctionnements de Louvois coûteront 150 millions en 2014 et… autant l’an prochain

Le prototype du successeur du Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (Louvois) devrait être connu d’ici la fin de cette année. Si tout se passe comme prévu, ce nouveau programme, désormais géré comme un programme d’armement par la DGA, pourrait commencer à être mis en oeuvre dans le courant de l’année 2015, avec l’objectif d’achever son déploiement d’ici 2017.

Mais en attendant, il faut continuer avec Louvois, source d’une source innombrable de dysfonctionnements dans le paiement des soldes des militaires (exceptés ceux de l’armée de l’Air, dont le chef d’état-major avait eu la sagesse de reporter la « bascule » vers ce logiciel).

Récemment, le général Jean-Pierre Bosser, le nouveau CEMAT (chef d’état-major de l’armée de Terre), a expliqué aux députés de la commission de la Défense que Louvois continuait « à donner des signes de faiblesses ». Et d’ajouter : « Il est très fréquent que, sans avoir changé de situation familiale, certains personnels ne perçoivent pas la même solde d’un mois sur l’autre. À chaque dysfonctionnement, on essaie de corriger les erreurs par des ‘patchs’, mais nous n’obtenons pas pour autant une amélioration sensible de la situation ».

Au total, 59.000 militaires de l’armée de Terre ont été affectés – et certains plusieurs fois au cours d’une même année – par les dysfonctionnements de ce logiciel, qui diminue ou augmente les soldes on ne sait trop pour quelles raisons. « Je précise que si les moins-perçus ne sont jamais agréables, les trop-perçus créent des situations très difficiles à régler notamment avec toutes les complications fiscales que cela implique. Bref, si les moins-perçus sont inacceptables, les trop-perçus nous mettent vis-à-vis de nos hommes dans une situation intenable », avait affirmé le général Bosser.

L’on imagine aisément les conséquences d’une solde moindre que prévue : les banques ne font pas de cadeaux (aggios, frais, etc…), pas plus que les sociétés de crédits. Et les impôts et les loyers n’attendent pas non plus. Le militaire concerné peut saisir le Service local du contentieux de la base de défense dont il dépend, en apportant tous les justificatifs pouvant prouver les dommages qu’il a subis. Après étude de son dossier, il lui sera propose un accord « amiable » à titre de réparation. Si ce n’est pas le cas, il peut alors saisir la commission des recours militaires. En attendant, il faut bien boucler les fins de mois…

Cela étant, si l’on en croit le bulletin « InfoSolde » du mois d’octobre, les « soldes des 3 derniers mois se sont globalement bien déroulées, grâce en particuluer aux équipes de traitement de la solde qui sont restées mobilisées durant la période estivale ». Alors que les fêtes de fin d’année approchent, il est prévu une nouvelle modification de Louvois afin de « continuer à corriger ses dysfonctionnements et prendre en compte les évolutions réglementaires ». Aussi, une nouvelle version « majeure » du calculateur entrera en service en novembre… Avec les risques que cela suppose.

« Comme pour tout système informatique, ces évolutions présentent un risque. Tous les acteurs de la chaîne solde restent très vigilants et s’attachent à maîtriser ces risques, dans le souci permanent de solder au mieux les militaires en attendant le prochain calculateur », prévient Infosolde.

Quoi qu’il en soit, et alors que le budget de la Défense est soumis à de fortes contraintes, les dysfonctionnements de ce logiciel ont un coût.  »

Louvois coûtera 150 millions d’euros en 2014 et en coûtera probablement autant en 2015. Disons-le : c’est épouvantable. J’ai décidé de donner aux chefs de corps les moyens financiers de remédier aux délires de Louvois entraînant des insuffisances de soldes », a affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition devant une commission élargie, le 23 octobre.

« Ce dispositif, qui a permis d’éviter un scandale d’État, se traduit par des dépenses qui devraient pouvoir être recouvertes lorsque Louvois aura été remplacé. Il n’est pas certain en revanche que nous recouvrions tous les trop-perçus que certains militaires doivent progressivement rembourser, en raison notamment des départs », a-t-il poursuivi.

En attendant, les rames sont de sortie… Le secrétaite général pour l’admnistration (SGA), Jean-Paul Bodin, soulignant que les dysfonctionnements se traduisaient par « d’importants indus de paye et de moins-verser aux administrés ». Une campagne de régularisation est en cours et elle se poursuivra en 2015.

« Cette campagne permettra non seulement de rétablir chaque administré dans ses droits, en lui versant ses dus, mais aussi de préserver les droits de l’État et le budget du ministère en recouvrant les sommes versées indûment. Ce second volet ne va pas sans difficulté, puisque ce sont au moins 110 000 lettres qui ont dû être envoyées pour réclamer les indus de 2013. Lorsque les personnels ont quitté le ministère et sont à la recherche d’emplois, la marge de manœuvre du Trésor public s’avère très faible », avait expliqué le SGA lors de son passage devant la commission de la Défense.

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