L’armée prend le pouvoir au Burkina Faso

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La situation politique au Burkina Faso est à surveiller de près dans la mesure où ce pays, coincé entre le Niger, le Bénin, le Togo, le Mali, le Ghana, et la Côte d’Ivoire, fait partie de la bande sahélo-saharienne, et donc, de la zone d’action de l’opération française Barkhane.

D’ailleurs, le site du ministère des Affaires étrangères déconseille les déplacements dans le nord de ce pays « au regard du contexte sécuritaire régional (détérioration de la situation au nord du Mali, développement du terrorisme, risque de prise d’otages) ». La France compte 3.500 ressortissants au Burkina Faso, qui fut l’une de ses colonies.

En outre, en 2012, le Burkina Faso avait désigné par la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour servir de médiateur de la crise malienne, à l’issue du putsch mené par le capitaine malien Sanogo à Bamako.

Un an plus tard, en mai 2013, le président burkinabè, Blaise Campaoré, s’était impliqué dans les négociations entre les autorités maliennes et les groupes rebelles touareg, ce qui permit d’obtenir la signature d’un accord, le 18 juin, lequel ouvrit la voie à la tenue d’élections au Mali.

Cela étant, ces derniers jours, le climat politique s’est brusquement détérioré à Ouagadougou  avec le projet du président Blaise Campaoré de modifier la Constitution pour lui permettre de briguer un nouveau mandat. Arrivé au pouvoir en 1987 à la faveur d’un coup d’État, il avait été réélu avec plus de 80% des voix, notamment en 2005 et en 2010.

Seulement, cette initiative n’a pas été du goût des Bukinabès… Depuis quelques temps, déjà, des signes montraient leur lassitude, après les 27 années passées au sommet de l’État par M. Campaoré. En 2011, le pays avait connu des manifestations réprimées dans le sang.

Si le Burkina Faso a obtenu de bons résultats économiques, en partie grâce à l’exploitation de l’or et du zinc, la population n’en voit pas les effets. En 2013, le Fonds monétaire international avait ainsi demandé à Ouagadougou de faire des efforts sur la redistribution des richesses ainsi qu’en matière d’éducation et d’accès à l’électricité pour les zones rurales.

Quoi qu’il en soit, le projet constitutionnel de Blaise Campaoré s’est donc heurté à une violente contestation. Le 30 octobre, des émeutes ont éclaté non seulement à Ouagadougou mais aussi à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays. La situation était telle que l’état de siège été décrété sur l’ensemble du territoire. Et les forces de l’ordre ont tenté de disperser les manifestants avec des tirs à balles réelles.

Par la suite, le président Campaoré a fait machine arrière en annonçant qu’il allait retirer son projet de loi controversé et lever l’état de siège… Tout en assurant qu’il se maintiendrait dans ses fonctions.

Finalement, Blaise Campaoré a dû se résoudre à démissionner. Et l’intérim sera assuré par le général Honoré Traoré, le chef d’état-major des armées. D’ailleurs, les militaires ont repris les choses en main assez rapidement, en annonçant la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale.

« La France salue la démission du président de la République du Burkina Faso qui permet de trouver une issue à la crise », a, de son côté, indiqué l’Élysée, dans un communiqué. Affirmant sa solidarité avec les victimes des violences qui ont secoué le pays, le président Hollande a également appelé au calme et à la retenue de « l’ensemble des acteurs ».

« La France rappelle son attachement à la Constitution et donc à la tenue rapide d’élections démocratiques », souligne encore le communiqué de l’Élysée.

S’il a promis la création d’un « organe de transition » et un retour à l’ordre constitutionnelle « dans un délai de 12 mois », l’on ignore exactement quelles sont les intentions du général Traoré, qui, selon la Constitution, ne peut pas prétendre à remplacer Blaise Campaoré au pied levé. Seulement, le président de l’Assemblée, à qui ce rôle doit revenir, est introuvable. Il est encore trop tôt pour parler d’un coup d’État mais ça y ressemble fortement…

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