M. Le Drian : « Un jour ou l’autre se posera la question du sud-libyen »

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À nouveau, lors d’un entretien accordé à RFI, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a évoqué la situation dans le sud de la Libye, devenu une base arrière de différents groupes jihadistes actifs dans la bande sahélo-saharienne.

C’est en effet à partir de ce territoire que les mouvements terroristes régionaux se ravitaillent en armes (dont des système anti-aériens SA-7). D’où la nécessité pour l’opération française Barkhane, lancée le 1er août dernier à la suite de Serval (Mali) et Épervier (Tchad) de surveiller de près les voies logistiques que les jihadistes sont susceptibles d’emprunter.

À RFI, M. Le Drian a ainsi confié que la force Barkhane va mettre des moyens à Madama (Niger), Faya-Largeau (Tchad), qui sert aussi de base de desserrement pour les Rafale et les Mirage 2000D, et Kidal (Mali).

Justement, dans le nord de ce dernier pays, les jihadistes cherchent à s’y réinstaller, après en avoir été chassés par l’opération Serval. À Dakar, le 23 octobre, M. Le Drian a expliqué que ces groupes terroristes ont l’intention de revenir sur la défaite qui leur a été infligée en 2013.

« Il ne faut pas laisser le mal revenir. Il y a le rôle de la Minusma [ndlr, Mission des Nations unies au Mali) qui doit être de bien tenir l’ensemble du territoire malien », a fait valoir le ministre, a-d’une conférence de presse conjointe avec son homologue espagnol Pedro Morenes, dont le pays a pris le commandement de la mission EUTM Mali.

« Il y a aussi la responsabilité de la France, c’est la raison pour laquelle le président de la République a souhaité que nous renforcions notre effort au nord du Mali. Nous avons commencé à prendre des dispositions pour nous renforcer dans cette région », a encore expliqué M. Le Drian.

Deux semaines plus tôt, le ministre expliquait aux députés de la commission de la Défense que la réapparition de la menace terroriste dans le nord du Mali, après plusieurs attaques meurtrières contre les casques bleus, était « une fragilité nouvelle, (…) conséquence de la réduction de la présence de nos forces mais aussi du fait que les FAMa [Forces armées maliennes] sont effondrées à la suite de leur erreur majeure du début d’année [ndlr, à Kidal, en mai] et que la Minusma ne dispose pas de toutes les capacités souhaitables ».

À l’antenne de RFI, M. Le Drian a aussi estimé que cette activité terroriste est aussi en partie liée au retard pris par la Minusma pour se déployer sur l’ensemble du territoire malien.

« Le nord du Mali est fragilisé parce que la Minusma n’a pas été au rendez-vous au moment où il le fallait. (C’est pourquoi) les forces françaises vont prendre le relais, à Tessalit en particulier, de façon intérimaire », a affirmé le ministre, sous vouloir faire de commentaire sur les raisons de ce retard.

La Minusma « manquait beaucoup de moyens logistiques au début de son installation », a-t-il toutefois admis. « Elle doit poursuivre son déploiement, elle le fera (…) Cela va se matérialiser très rapidement », a-t-il assuré, en évoquant la présence de caques bleus suédois (à Tombouctou)  et néerlandais (à Gao).

Mais la raison de cette résurgence jihadiste est liée à la situation dans le sud de la Libye, où il est dit que Mokhtar Belmokhtar, le chef du groupe al-Mourabitoune, y a trouvé refuge.

« Il s’agit d’actes résiduels, mais on sent une volonté des groupes armés terroristes de reprendre un peu des positions [au nord-Mali]. C’est dû en grande partie au fait que l’acheminement d’armes par la voie du sud de la Libye est devenu de plus en plus conséquent », a expliqué le ministre sur les ondes de RFI. Aussi, si Barkhane se déploie dans le nord du Niger et du Tchad, c’est pour couper les lignes de ravitaillement. Cela suffira-t-il?

« C’est à partir de là que les groupes terroristes peuvent exister alors qu’avec Serval, ils n’avaient plus de cohérence », a insisté M. Le Drian. « Alors, a-t-il poursuivi, un jour où l’autre se posera la question du sud-libyen ».

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