L’État islamique soupçonné d’avoir mené des attaques au chlore en Irak

Le 10 septembre dernier, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a diffusé un rapport dans lequel il était fait état de l’utilisation de chlore par le régime de Damas lors d’attaques des villages de d’Al-Tamana’a , de Tal Minnis et de Kafr Zita, situés dans le nord de la Syrie. Cette accusation n’était pas nouvelle : les autorités françaises, notamment, l’avaient déjà formulée quelques mois plus tôt.

Les effets des gaz chlorés – dichlore ou Bertholite – sont connus depuis la première fois qu’ils ont été utilisés en 1915 par les forces allemandes à Ypres. Au contact des voies respiratoires, ils se tranforment en acide chlorhydrique et provoquent instantanément des difficultés respiratoires (toux, dyspnée) et de l’hémoptysie. A très forte concentration, ils peuvent être mortels en quelques minutes.

Les forces syriennes ne seraient pas les seules à avoir recours aux gaz chlorés. Ainsi, Selon le Washington Post, l’État islamique (EI ou Daesh) en aurait aussi fait usage dans le nord de l’Irak, contre des policiers. Il s’agirait ainsi de la première utilisation « confirmée » d’armes chimiques sur le champ de bataille par les jihadistes. Du moins sur le territoire irakien.

Le 12 octobre, une étude publiée dans la revue Meria (Middle East Review of International Affairs), qui dépend du Gloria Center en Israël, a affirmé que l’EI avait utilisé des armes chimiques dans la province kurde de Kobané, en Syrie. La substance en cause serait de l’ypérite (gaz moutarde). L’auteur de ce rapport,  Jonathan Spyer, a expliqué à la chaîne de télévision I24 que ces munitions proviendraient d’al-Muthanna, une ancienne usine dans laquelle sont entreposées de vieilles munitions chimiques datant des années 1980/90. Depuis, il n’a plus été question de cette affaire.

Quant à l’attaque évoquée par le Washington Post, elle aurait eu lieu le mois dernier, à 80 km environ au nord de Bagdad, contre des policiers irakiens. Et 11 d’autres eux ont été admis à l’hôpital le plus proche en présentant des symptômes typiques d’une intoxication au gaz chloré. Les forces irakiennes ont fait état de deux autres cas mais les détails les concernant manquent.

Quoi qu’il en soit, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a affirmé, le 24 octobre, que Washington cherche à « vérifier » ces informations. Et de préciser que les États-Unis prennent ces « allégations très au sérieux ».

« Nous cherchons des informations supplémentaires afin d’être en mesure de déterminer si nous pouvons ou non confirmer ces allégations, a ainsi déclaré M. Kerry. « L’utilisation de toute arme chimique est un acte abominable, cela va à l’encontre du droit international et ces récentes allégations soulignent l’importance du travail que nous sommes actuellement en train de mener », a-t-il estimé.

Toutefois, a poursuivi le responsable américain, si ces informations sont avérées, elles ne vont pas changer la stratégie contre l’EI actuellement mise en oeuvre.

« Cela pourrait affecter des décisions tactiques prises dans le cadre de la stratégie américaine, mais les Etats-Unis amènent pas à pas la coalition à s’engager davantage pour être capable d’épauler l’armée irakienne et de prendre des mesures contre l’EI », a en effet expliqué M. Kerry.

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