L’armée de Terre va changer de modèle

infanterie-20141015

Supprimer des postes tout en éviter de dissoudre des régiments et de fermer des casernes, comme l’a souhaité le président Hollande, tel est le casse-tête que doivent résoudre les états-majors.

Pour l’armée de Terre, la dissolution de deux régiments – un d’infanterie, un autre d’artillerie – était attendue dans les années faites récemment au sujet des restructurations du ministère de la Défense. Finalement, seuls le 1er Régiment d’Artillerie de Marine (RAMa) et l’état-major de la 1ère Brigade Mécanisée (BM) fermeront leurs portes en 2015.

Pour le reste, il a été procédé à ce que l’on peut qualifier « d’échenillage », c’est à dire que le format de certaines unités va être réduit, avec la suppression des sections de reconnaissance des régiments d’infanterie et celle des escadrons d’éclairage et d’investigation du 12e Cuirassiers, du RICM (Régiment d’Infanterie-Chars de Marine) et du 1er RCh (Régiment de chasseurs).

Cependant, et même si cela y ressemble, pour le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), il ne s’agit pas à proprement parler d’échenillage, une méthode, selon lui, qui « n’est pas raisonnable ».

« Mieux vaut procéder par suppression de capacités cohérentes, dans le cadre d’un choix tactique – ainsi, nous avons supprimé cette année toutes les sections de reconnaissance des régiments d’infanterie, et si nous devions remonter en puissance ultérieurement, il serait toujours temps de recréer ces unités. Cela me semble plus responsable que d’éparpiller les postes à gagner de façon aléatoire et bêtement mathématique parmi toute la ressource », a-t-il expliqué aux députés (présents) de la commission de la Défense.

Car, pour le CEMAT, s’agissant des déflations d’effectifs (4.000 pour l’armée de Terre en 2015), une « dissolution d’unité dans un département est de plus en plus difficile à admettre, surtout si le département concerné est en difficulté économiquement ». Aussi, a-t-il estimé, les « dissolutions de régiments seront désormais très peu nombreuses et ciblées sur des territoires où le ‘niveau d’acceptabilité’ le permet – ce qui laisse une marge de manœuvre très faible ».

Qui plus est, la tendance est à la préservation des régiments d’infanterie. Voilà pourquoi aucun ne sera dissous en 2015, contrairement à ce qui avait été annoncé. « La conquête de l’Adrar des Ifoghas a montré que nous avons besoin de combattants qui soient capables, chargés à 45 kg, de se confronter à l’adversaire, les yeux dans les yeux. En République centrafricaine, dans le cadre de l’opération Sangaris, ce sont encore les combattants débarqués qui font face aux ex-Séléka à Bambari », a expliqué le général Bosser.

Et d’ajouter : « Tous les spécialistes reconnaissent que les pays dotés d’une armée manquent actuellement de troupes à pied, capable de s’engager au sol au contact, au péril de leur vie. Nous n’avons pas voulu entamer les études du modèle futur en dissolvant des unités dont nous aurons peut-être besoin ultérieurement ».

En outre, il est question de mettre en place des « régiments d’infanterie de nouvelle génération » (le 8e RPIMa et le 1er RTir seront les deux premiers à y passer). En quoi cela consiste-t-il? La réponse est dans le dernier numéro du magazine Fantassin, édité par l’École d’Infanterie de Draguignan.

« Ainsi, les deux régiments désignés devront adopter, pour l’été 2014, une organisation temporaire de leurs structures pour avoir quatre compagnies d’infanterie à 3 sections de combat et une compagnie des appuis regroupant, en sections spécialisées, les appuis mortiers de 81mm, tireurs d’élite longue distance, groupes anti-char de moyenne portée et aide à l’engagement débarqué. Ces appuis, tactiquement, devront, dès la génération de force pour un entraînement ou un déploiement opérationnel, renforcer les compagnies d’infanterie au sein d’une section appui à trois groupes spécialisés, constituant ainsi le noyau du SGTIA [ndlr, sous-groupement tactique interarmes] à dominante combat débarqué tel qu’il prévaut dans la doctrine actuelle. Sachant que dès le début de la réflexion, la décision a été prise de transférer la capacité reconnaissance à la fonction combat embarqué », peut-on y lire.

Mais plus globalement, un nouveau modèle d’armée de Terre est en cours d’élaboration.

« Le général Ract Madoux avait pensé, à juste titre, pouvoir franchir la LPM 2014-2019 à partir du modèle reconfiguré en 2008, mais la déflation actuelle ne nous permettra pas de conserver la maquette de 2008, d’où l’importance de créer un nouveau modèle. Il faut une architecture plus lisible et plus pérenne, une chaîne de commandement plus simple et plus verticale, qui s’appuie sur cinq pôles d’excellence que sont les ressources humaines, la maintenance logistique, les forces classiques, les forces spéciales et notre expertise au profit du territoire national », a ainsi indiqué le général Bosser.

« Aujourd’hui, nous devons nous projeter dans l’avenir en tenant compte des menaces et des besoins futurs. L’aérocombat, les forces spéciales, le command and control, le cyber et le renseignement sont des fonctions qu’il faut mettre en avant. Force est de constater que nous nous retrouvons avec deux brigades lourdes, trois brigades médianes et deux brigades légères, déséquilibrées en volume et en qualité d’équipement, ce qui complique le quotidien de nos hommes, leur préparation opérationnelle et la constitution d’éléments de projection. Voilà pourquoi, il faut développer un nouveau modèle », a encore expliqué le CEMAT, qui a précise que ce nouveau modèle sera présenté avant la fin de cette année.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]