Le Service Historique de la Défense confirme le nombre de fusillés pour désobéissance militaire lors de la Grande Guerre

Faut-il que les mutins de la Première Guerre Mondiale soient « réintégrés pleinement dans notre mémoire collective nationale », comme l’avait affirmé, en 1998, Lionel Jospin alors Premier ministre ou bien cette initiative est-elle « inopportune », pour reprendre le mot de Jacques Chirac, l’ancien président de la République?

En novembre, et alors que s’annonçait l’année de commémorationn du Centenaire du début de la Grande Guerre, le président Hollande avait dit vouloir « au nom de la République qu’aucun des Français qui participèrent à cette mêlée furieuse ne soit oublié ».

Et de souhaiter qu’une « place soit accordée à l’histoire des fusillés au musée de l’Armée aux Invalides, dans ce lieu qui porte le récit de la guerre » car ces soldats furent vaincus « non pas par l’ennemi, mais par l’angoisse, par l’épuisement nés de conditions extrêmes qui leur étaient imposées ». Pour le chef de l’État, « certains furent condamnés de façon arbitraire et passés par les armes ».

Cette déclaration venait après la publication d’un rapport commandé par Kader Arif, le secrétaire d’État aux Anciens combattants à une équipe d’historiens dirigées par Antoine Prost, président du Conseil scientifique de la Mission du centenaire de la guerre 1914-1918. Selon ce document, il était estimé que « parmi les 740 fusillés pour l’exemple en 4 ans de guerre, 600 à 650 combattants ont désobéi aux ordres ou abandonné leur poste » pour avoir « un moment de faiblesse ou de ‘ras-le-bol’ ».

Le Service Historique de la Défense (SHD) s’est donc penché sur la question en examinant toutes les archives des conseils de guerre, « aussi bien pour la zone des armées que pour l’arrière ou l’outre-mer, où l’essentiel des cas jusqu’alors inconnus a été repéré ».

Ainsi, dans un communiqué, le SHD a avancé les chiffres suivants : entre 1914 et 1919, l’on compte exactement 563 fusillés pour « désobéissance militaire ». Et 136 l’ont été pour des affaires de « droit commun » et 126 pour espionnage. Au total, le nombre de fusillés s’élève à 825.

Contrainement à ce que l’on pourrait penser, le nombre de combattants fusillés pour désobéissance militaire n’est pas le plus important en 1916 (Verdun) ou 1917 (Chemin des Dames) mais en 1915, avec 237 cas.

De août 1914 à décembre 1915, l’on compte ainsi 362 fusillés pour désobéissance militaire, ce qui confirme les propos du général André Bach, ancien chef du Service historique de l’armée de Terre (SHAT), qui avait avancé que les 2/3 des exécutions avaient eu lieu au cours des 17 premiers mois de guerre.

En outre, le SHD indique aussi que 82 combattants ont été fusillés sans jugement, dont 27 pour « désobéissance militaire ». Et 55 furent exécutés sommairement.

Pour rappel, une cinquantaire de soldats « fusillés pour l’exemple » furent réhabilités après la guerre, dont une trentaine par le Cour suprême de justice militaire, en 1934. Le dernier cas en date est celui du sous-lieutenant Jean-Julien-Marie Chapelant, condamné après un procès sommaire pour désertion (alors que blessé, il avait réussi à s’évader après avoir été fait prisonnier). Cette affaire inspira d’ailleurs Stanley Kubrick pour le film « Les sentiers de la gloire ».

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