Le Canada a été la cible de deux attentats en 48 heures

Alors qu’il vient de lancer l’opération « Impact », nom donné à sa participation à la coalition emmenée par les États-Unis contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak, le Canada a connu deux actes terroristes en l’espace de 48 heures.

Le premier a eu lieu le 20 octobre, à Saint-Jean sur Richelieu au Québec, à 40 km au sud-est de Montréal. Un homme de 25 ans, récemment converti à l’idéologie jihadiste et connu des services anti-terroristes, a fauché volontairement avec sa voiture deux militaires canadiens sur le parking d’un supermarché. L’un d’eux, l’adjudant Patrice Vincent, 53 ans, décédera plus tard des suites de ses blessures. Son camarade, légèrement atteint, ne portait pas l’uniforme au moment des faits.

Pris en chasse par la police, l’auteur de cet acte, un certain Martin « Ahmad » Rouleau, qui relayait la propagande jihadiste via ses profils sur les réseaux sociaux, a été abattu par un policier après avoir fait une sortie de route. Il s’était extirpé de son véhicule en brandissant une arme blanche.

Dans un premier temps, les autorités canadiennes ont été prudentes pour qualifier cette affaire, avant finalement d’admettre, quelques heures plus tard, qu’il s’était agi d’un attentat.

Par la suite, Ottawa a relevé d’un cran son niveau d’alerte antiterroriste, de « bas à moyen », estimant qu' »un individu ou un groupe au Canada ou à l’étranger a l’intention et la capacité de commettre un acte terroriste ».

« Les organismes de sécurité nationale du Canada évaluent constamment la menace terroriste et prennent des mesures en vue de protéger les Canadiens. Depuis la création du SCRS [ndlr, Service canadien du renseignement de sécurité] il y a 30 ans, et auparavant par l’entremise de la GRC, la menace que représentent pour le Canada différents groupes extrémistes a toujours fait l’objet d’une évaluation », a alors expliqué Jean-Christophe de Le Rue, le porte-parole du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile.

Mais cela n’a pas été suffisant : le 22 octobre, à 10 heures, une fusillade a éclaté devant le momument aux morts d’Ottawa, à deux pas du Parlement canadien. Un des deux militaires en faction, le caporal Nathan Cirillo, est mortellement blessé. Tout sombre dans la plus grande confusion à partir de ce moment-là.

Quelques minutes plus tard, de nouveaux coups de feu sont entendus dans l’enceinte même du Parlement canadien. La police n’est alors pas en mesure de déterminer le nombre d’assaillants. Finalement, un tireur est abattu une heure et demie plus tard par Kevun Vickers, un officier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ayant les fonctions de sergent d’armes de la Chambre des communes.

L’auteur des coups de feu sera quant à lui identifié comme étant Michael Zehaf-Bibeau, un citoyen canadien ayant quasiment le même profil que Martin « Ahmad » Rouleau. Connu défavorablement de la justice, il s’était lui aussi converti aux thèses jihadistes. Soupçonné de vouloir rejoindre Daesh en Syrie, son passeport avait été confisqué par les autorités canadiennes.

Cela étant, cette fusillade au sein du Parlement canadien, laquelle aurait fait au moins 3 blessés, et donc à cette attaque inédite dans l’histoire du pays, le NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord) a été mis en alerte afin de répondre rapidement « en cas d’incident impliquant le réseau aérien au Canada ».

Pour le moment, l’on ignore encore si Michael Zehaf-Bibeau avait des complices. Le Premier ministre canadien, Stephen Harper, n’a pas écarté cette hypothèse lors d’une allocution télévisée. « Nous ne serons pas intimidés, le Canada ne sera jamais intimidé », a-t-il lancé. « Ottawa va prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer et identifier les menaces et assurer la sécurité du Canada, a-t-il prévenu, en soulignant sa détermination à travailler avec les alliées « pour combattre les organisations terroristes qui brutalisent tant de gens dans le monde ».

Après le premier attentat, et alors que l’EI avait appelé ses sympathisants à s’en prendre aux soldats des pays de la coalition, aucune consigne n’avait été donnée aux militaires canadiens au sujet de leur tenue en dehors de la caserne. « Je représente quelque part le peuple canadien et le peuple québécois, quelque chose qui est la défense nationale, alors je ne peux pas me permettre d’avoir peur », avait même confié, à Radio Canada,  le caporal Jonathan Landu du Royal 22e Régiment.

Mais désormais, ce n’est plus cas. Après l’attaque du Parlement, les bases militaires canadiennes ont été fermées et tous les militaires ont été « sommés de rester chez eux, enfermés », selon le quotidien Le Devoir. « Tous ont l’interdiction formelle de porter leur uniforme militaire », a indiqué  le commandant adjoint (force continentale) du Commandement des opérations interarmées du Canada.

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