Savez-vous ce qu’est un « SAS Rotofil »?

La commission de la Défense compte, parmi ses membres, un ancien militaire de carrière. En effet, le député Yves Fromion est passé par l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1961 (promotion Bir Hakeim). Après un passage au sein de l’Arme blindée cavalerie, il a rejoint le 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) en 1976. C’est à ce titre qu’il a été convié à la Citadelle « général Bergé » à l’occasion de la saint Michel.

Pour rappel, le 1er RPMa est un régiment de la Brigade des Forces Spéciales Terre (BFST). Il est l’héritier des parachutistes SAS de la France Libre de la Seconde Guerre Mondiale, dont il a adopté la devise : « Qui ose gagne » (traduction de celle des SAS britanniques, Who Dares Wins »).

Donc, le député Fromion est revenu de Bayonne avec quelques anecdotes. Et il en a fait part lors de l’audition du général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), dans le cadre des travaux de la commission « Défense » concernant le projet de loi de finances 2015.

« Autrefois, tous les paras de chaque régiment sautaient à l’occasion de ce qui était une grande fête [ndlr, la saint Michel]. À Bayonne, seuls 8 chuteurs ont sauté, et c’était d’un avion loué au ParaClub de Pau! », a ainsi déploré le député du Cher. « C’est une réalité que le 1er RPIMa, qui donne tant à nos armées, vit assez mal », a-t-il ajouté.

Visiblement, cela n’a pas ému le général de Villiers. « Peu importe que les parachutistes du 1er RPIMa sautent d’un avion civil lors d’une démonstration », a-t-il répondre. « Ce qui compte, a-t-il poursuivi, c’est qu’ils s’entraînent de façon satisfaisante pour pouvoir sauter d’un avion militaire en opérations ». Et, « avec les crédits dont nous disposons, nous devons faire autrement, avec d’autres formules. L’essentiel est que nous soyons capables de remplir le contrat opérationnel », a-t-il fait valoir. Sur ce point, et vu la situation économique, l’on peut difficilement lui donner tort, même s’il est regrettable que les moments de cohésion – toujours très importants – en soient réduits à la portion congrue.

Justement, toujours au sujet des moyens, Yves Fromion a livré un fait assez évocateur des difficultés budgétaires et évoqué l’existence d’une spécialité inconnue au sein du 1er RPIMa : celle des « SAS Rotofil ».

« Les SAS, qui ne manquent pas d’humour, se sont par ailleurs rebaptisés les ‘SAS Rotofil’, car, en l’absence de budget pour confier le débroussaillage à une société extérieure, ils sont obligés d’entretenir eux-mêmes les fossés de la citadelle de Bayonne… », a expliqué le parlementaire.

Et ce dernier de s’interroger, alors que les personnels du 1er RPIMa sont déjà très sollicités par leur « coeur de métier » : « Les chirurgiens et les médecins entretiennent-ils eux-mêmes les plates-bandes de leurs hôpitaux? Les enseignants celles de leurs lycées? ». Évidemment non…

Et cette situation n’est pas propre au 1er RPIMa : d’autres unités sont concernées, comme le soulignait, en mai dernier, Patricia Adam, Mme le président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale. « À Mourmelon, on ne peut même plus tondre la pelouse puisque les postes ont été supprimés par la RGPP [ndlr, Révision générale des politiques publiques] et « il n’y a plus d’argent pour payer un prestataire extérieur », avait-elle confié à Mer&Marine.

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