Il y a des failles de détection dans la couverture radar de l’espace aérien français

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À bien des égards, l’année 2015 sera un tournant qu’il ne faudra pas manquer pour l’armée de l’Air. Comme l’a souligné son chef d’état-major, le général Denis Mercier, lors d’une audition devant les députés de la Commission « Défense », elle sera « majeure pour la construction de » son « plan stratégique ».

« Modernisation, ressources humaines, organisation : toutes les dimensions sont imbriquées les unes dans les autres. (…) Cette cohérence nous rend forts : la LPM nous assure de continuer à progresser, sous réserve de son plein et entier respect », a-t-il expliqué. Mais cette « optimisation portée par ce plan » est fragile étant donné que « si l’une de ses composantes était mise à mal, les conséquences se feraient ressentir sur toutes les autres ».

Au niveau des équipements, les dossiers prioritaires ne manquent pas. À force d’étaler dans le temps certains programmes, il arrive un moment où l’on se trouve devant des difficultés majeures, si ce n’est une impasse. C’est la raison pour laquelle l’année 2015 sera importante.

Dans le domaine du renseignement, il est prévu de commander un « système de 3 [drones] Reaper supplémentaire » pour compléter celui déjà en service dans la bande sahélo-saharienne. Il devrait même être « être acquis au plus tôt, peut-être en 2015 », a a estimé le général Mercier. Même chose pour les avions légers ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance). Ces derniers, a précisé le CEMAA, « nous permettront de compléter les drones ».

Le général Mercier a en outre affirmé que les Mirage 2000N de l’escadron de chasse 2/4 La Fayette, une unité des Forces aériennes stratégiques (FAS), sont « à bout de souffle ». D’où leur remplacement par des Rafale, qui seront opérationnels en 2018.

Longtemps évoquée mais jamais entrée dans les faits, la modernisation des Mirage 2000D devrait être enfin lancée. « Comme nous avons étalé les commandes du Rafale, nous avons besoin de prolonger les Mirage 2000. Il s’agit d’un simple traitement d’obsolescences pour que nous puissions les utiliser jusqu’en 2025, de manière à maintenir les volumes prévus par le Livre blanc et déclinés dans la LPM [Loi de programmation militaire], a indiqué le CEMAA.

La commande de nouveaux avions ravitailleurs, pour remplacer les C-135 FR est l’une des grandes priorités de l’armée de l’Air. « La commande du premier appareil est attendue d’ici à la fin de l’année et celle des 8 suivants pour 2015. Notre but est d’affermir la commande des trois derniers au plus tôt. L’âge de nos ravitailleurs l’impose », a fait valoir le général Mercier. Même chose pour la poursuite des livraison de l’avion de transport A400M, dont 4 seront livrés l’an prochain.

Mais un autre sujet préoccupe particulièrement le CEMAA : la modernisation,  conformément au calendrier prévu, du Système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales (SCCOA), au sujet de laquelle il s’est dit « très vigilant ».

Le programme SCCOA, dans son Étape 2 Phase 2, « intègre l’acquisition de radars de nouvelle génération – la couverture aérienne est aujourd’hui affaiblie dans certains endroits –, la commande du troisième centre ACCS (Air Command and Control System), c’est-à-dire la rénovation de notre système de commandement et de conduite des opérations, la rénovation du système de surveillance spatial des satellites en orbite basse (GRAVES), enfin la rénovation de la composante C2 mobile, qui sera l’un des piliers de la Nato Response Force, cette composante de l’OTAN que l’armée de l’air française assurera à partir du 1er janvier 2015 », a expliqué le général Mercier.

Concrétement, il s’agit de renouveller des radars datant des années 1980 et d’améliorer la couverture basse altitude avec l’acquisition de 12 nouveaux radars moyenne / basse altitude à 3 dimensions.

Dans son propos liminaire, le général Mercier a souligné l’urgence de ce programme en évoquant une « couverture aérienne affaiblie dans certains endroits ». Mais en répondant à un député qui l’a interrogé sur ce dossier, il est allé encore plus loin.  » Il existe des failles de détection », a-t-il admis. « Nos radars vieillissants nous coûtent cher en MCO. C’est la raison pour laquelle nous avons engagé un programme de rénovation : de nouveaux radars seront mis en place, d’abord à Nice et à Lyon, puis sur d’autres points du territoire », a-t-il ajouté.

Déjà, l’an passé, le CEMAA avait fait part de sa préoccupation à ce sujet. « La loi de programmation 2008-2013 a décalé de plusieurs années la rénovation de nos radars. La 4e étape du programme SCCOA a été scindée en deux phases dans la précédente LPM, avec un décalage de trois ans a minima de la livraison de nouveaux radars de surveillance et de défense aériennes. Nous ne pouvons plus décaler les livraisons de ces radars car les obsolescences profondes du parc actuel, à la disponibilité de plus en plus précaire, aux coûts de maintenance élevés, fragilisent la protection du territoire national », avait-il affirmé, lors d’une audition au Sénat, en novembre dernier.

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